L'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau a reçu 23 nouveaux appareils à rayons X pour ses points de contrôle au cours des deux dernières années. Mais il continue à utiliser un équipement plus ancien pour les points de contrôle au départ vers l'international, a constaté La Presse.

En mai 2009, le gouvernement a annoncé en grande pompe l'arrivée de nouvelles machines pour le contrôle des bagages à main dans les grands aéroports du pays. Pas moins de 25 millions ont été investis pour acheter 125 nouveaux appareils Hi-Scan 640 aTiX dans les plus grands aéroports du pays. Ces appareils permettent de capter plusieurs angles de vue pour le même bagage et repèrent les explosifs et les liquides dangereux.

L'aéroport de Montréal a été équipé de 23 appareils Hi-Scan 640 aTiX au cours des deux dernières années. Ils ont remplacé tout l'équipement des points de contrôle pour les vols domestiques et à destination des États-Unis. Pour les vols internationaux, 10 points de contrôle ont reçu ces nouveaux appareils. Mais les modèles plus anciens, qui n'offrent qu'un seul angle de vue de l'intérieur des bagages, sont de nouveau en fonction à cinq points, et ce, même si toutes les nouvelles machines ne sont pas toutes utilisées.

Selon plusieurs employés de l'aéroport, la raison est simple: les anciens appareils sont plus rapides à manoeuvrer. Les passagers peuvent donc franchir plus rapidement ces points de contrôle. «Plus il y a de temps d'attente, plus c'est mal vu, résume un agent de sécurité. Alors, on fait passer le plus de passagers possible pour que l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) soit la plus satisfaite possible.»

Une source proche de Garda, l'un des sous-traitants de l'aéroport, croit que le retour de ces appareils est «une claque à la tête» des agents de sécurité, qui rechignent à s'en servir: l'image qui apparaît à l'écran est beaucoup moins précise. «On a un taux d'échec de 80% aux tests d'infiltration que fait l'ACSTA. Parfois, sur six infiltrations dans la même journée, on en rate cinq. C'est grave», dit-il.

D'après cette source, ces machines ont fait leur retour après la compression budgétaire qu'a subie l'ACSTA, au printemps. Le volume d'heures confiées aux sous-traitants a diminué, entraînant, sur plus de 600 employés de Garda à Montréal, la disparition d'une centaine de postes depuis le printemps. «C'est une réponse directe aux coupes, croit cette source. Mais tous les aéroports de classe 1 ont de nouvelles machines. Il n'y a aucune raison de retourner aux vieux appareils.»

L'ACSTA confirme que des appareils datant d'avant l'arrivée des Hi-Scan 640 aTiX sont toujours utilisés à Montréal. Mais, selon l'administration, la pratique n'est pas une réponse à un manque de personnel. «On ne manque pas de personnel. Quand on aura de nouvelles machines, on les déploiera. Les nouvelles machines ne ralentissent pas les processus de contrôle. Au contraire, elles les accélèrent. Ce qu'on dit est totalement faux», explique, non sans véhémence, Mathieu Larocque, porte-parole de l'ACSTA.

De plus, les anciens appareils continuent à respecter toutes les normes de sécurité, selon M. Larocque. «Il n'y a aucun risque à les utiliser. Les points de contrôle sont ouverts et fermés selon le volume de passagers. Alors ça arrive que les points soient utilisés, mais les normes sont les mêmes et sont respectées.» L'ACSTA a refusé de commenter toute information sur les tests d'infiltration pratiqués à l'aéroport.

De passage à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, un soir de semaine à un moment d'affluence, La Presse a pu constater que les passagers étaient orientés vers des points de contrôle équipés d'anciens appareils, alors que tous ceux dotés de nouveaux appareils n'étaient pas ouverts.

«On parle quand même de nouveaux appareils achetés à un coût exorbitant. Si c'est justifié de les acheter, on peut se demander pourquoi, alors, continuer à utiliser les anciens», s'interroge un employé.