Figures énigmatiques de femmes aux abois ou intérieurs de cuisine en 3D aux allures post-atomiques: c'est tout l'univers, parfois inquiétant, que le cinéaste américain David Lynch décline jusqu'au 3 octobre aux Galeries Lafayette, à Paris.

«Je n'ai pas voulu entrer dans une catégorie bien rassurante. Au contraire, j'ai tenté de prouver comment l'art a besoin de s'extirper de toute frontière», a-t-il expliqué mardi soir à l'Associated Press, poursuivi le long des vitrines du grand magasin parisien par une horde de journalistes.Car s'il est largement reconnu comme cinéaste, David Lynch se définit d'abord comme un artiste global. «Quand j'étais enfant, je me souviens du choc que j'ai eu quand ma mère donnait à mes frères et soeurs des coloriages à faire, alors que je n'avais droit, moi, qu'à des pages blanches, des crayons de couleurs», se souvient-il, comme si déjà, il devait «créer avant l'heure».

En plus des onze vitrines des Galeries-Lafayette baptisées Machines, Abstraction and Women, une quarantaine de lithographies signées Lynch sont présentées à la Galerie des galeries au 1er étage du magasin. Cette installation, I See Myself, fait la part belle au noir et au blanc que l'artiste s'est employé à élever au rang de couleurs.

Les fans du réalisateur de la série télé culte Twin Peaks ou des films Elephant Man, Lost Highway ou Mulholland Drive au cinéma, devraient aussi être comblés: ils auront droit au même endroit à la diffusion en boucle d'une dizaine de court métrages, dont le plus court d'entre eux, mais pas le moins édifiant sur le propos artistique de Lynch, Lumiere: Premonitions Following an Evil Deed, de 1996, dure 52 secondes.