Cachés au beau milieu de la jungle ou situés sur le haut d'une falaise donnant sur la mer, les différents sites archéologiques mayas du Chiapas et du Yucatán dévoilent un pan de l'histoire mexicaine. Fouler le sol de Yaxchilán, Palenque, Tulum et Chichén Itzá permet de comprendre le fonctionnement des cités mayas et d'élucider en partie les mystères entourant leur disparition...

Imaginez une balade en bateau sur le fleuve Usumacinta, une frontière naturelle qui sépare les anciennes terres mayas mexicaines et guatémaltèques. Au bout de 45 minutes, l'embarcation accoste près d'un petit quai en bordure d'une forêt tropicale. Vous marchez quelques minutes et voilà qu'au milieu des arbres et des cris des animaux, des ruines mayas s'élèvent devant vous. C'est le site archéologique de Yaxchilán, dans l'État du Chiapas.

Pour s'y rendre, impossible d'utiliser la voiture. On doit prendre un petit bateau à Escudo Jaguar. Pour profiter pleinement des lieux, avant qu'ils ne soient envahis par la foule, l'idéal est de dormir à Escudo Jaguar et d'y aller tôt le lendemain matin. Près du quai d'Escudo Jaguar, différentes cabañas ont été construites: des plus rustiques au plus luxueuses. On peut prendre le bateau en direction de Yaxchilán à l'heure de notre choix. Une embarcation peut accueillir plus d'une dizaine de personnes. Le coût total pour qu'elle quitte le quai varie entre 600 pesos (environ 60$ canadiens) et 800 pesos (80$). Le mieux est donc de former un petit groupe avec d'autres touristes sur place pour minimiser le coût du transport. Plus il y a de passagers, moins la facture est élevée.

La petite «croisière» est d'ailleurs fort agréable. Tout au long du parcours, Mexicains d'un côté et Guatémaltèques de l'autre se plaisent à saluer les touristes. En gagnant la rive menant à Yaxchilán, il est difficile d'imaginer que des ruines se cachent derrière l'épaisse forêt qui se dresse devant nous. Mais après quelques minutes de marche dans un étroit petit chemin de terre, les premières constructions apparaissent. Moins connu que Palenque, Yaxchilán est un site qui date du IVe siècle. La dizaine de constructions, temples et façades racontent l'histoire de la dynastie maya jusqu'à l'apogée de la cité au VIIIe siècle.

Dans ce lieu «sauvage», aucun sentier reliant les ruines n'a été tracé pour faciliter la marche. À plusieurs endroits, il faut gravir des pierres qui servent autant d'escaliers que de guides pour trouver les constructions historiques. De bonnes chaussures de marche sont donc un atout. Malgré la chaleur tropicale, les vêtements longs sont de mise car les moustiques font preuve de beaucoup d'agressivité...

Habituellement, pour parcourir Yaxchilán, le touriste dispose d'environ deux heures avant que le bateau ne regagne Escudo Jaguar. Mais il est possible, moyennant une certaine somme, de prendre une autre embarcation quelques heures plus tard. Pour tout voir, il faut compter au moins quatre heures. Une visite fascinante souvent guidée par les cris des singes et des jaguars. N'ayez crainte cependant; selon les responsables du site, les jaguars se pointent le bout du nez seulement très tôt le matin ou encore le soir.

Par ailleurs, les amateurs de souvenirs seront déçus. En ces lieux, il n'y a aucun vendeur ambulant, ce qui est plutôt rare au Mexique.

Palenque

Plus au nord, à 145 km de Yaxchilán, «l'explorateur» pourra poursuivre ses découvertes en foulant le sol du site de Palenque, véritable lieu de pèlerinage des amateurs d'archéologie.

L'endroit est d'ailleurs pris rapidement d'assaut par les touristes dès le début de la journée. Plusieurs hôtels, cabañas et terrains de camping ont été aménagés à quelques kilomètres du site. Il est d'ailleurs plus intéressant de dormir à proximité de la zone archéologique que dans la ville de Palenque, à huit kilomètres du site, où il y a peu d'attraits.

Pour préserver une certaine atmosphère historique et mystique, une grande partie des lieux d'hébergement situés près de la zone ont été aménagés en pleine forêt. Ces endroits, qui accueillent des touristes du monde entier, offrent pour la plupart des services de restauration et de bar. Après avoir passé une partie de la journée à visiter le site, il est même possible, à certains endroits, de prendre un verre tout en écoutant différents groupes jouer des airs sud-américains. Un moment de détente bien mérité.

La cité de Palenque a commencé à se développer pendant la période classique, soit entre 300 et 600 après Jésus-Christ. Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, l'endroit est considéré comme l'une des plus grandes cités mayas du pays. Comme Yaxchilán, le site se trouve au beau milieu de la jungle, «la selva», comme l'appellent les Mexicains. L'endroit est par contre aménagé pour les touristes. Le terrain a été défriché et des sentiers ont été tracés. Ainsi, il est facile d'admirer les monuments comme le temple des inscriptions, construit sous le règne du roi Pacal, entre l'an 600 et l'an 700. D'ailleurs, le corps momifié du dirigeant a été le seul à être découvert sur le site. Presque tous les édifices importants ont été bâtis sous sa royauté.

Par ailleurs, la visite s'avère éreintante. Sous un soleil souvent brûlant, on doit gravir des marches étroites pour accéder au haut des monuments. Et les vendeurs ambulants sont légions. Bracelets, colliers, masques et souvenirs de toutes sortes sont offerts tout le long du parcours.

Puis, la visite se termine sur une note fort agréable. Pour descendre jusqu'au stationnement - endroit où on peut également attraper un «collectivo» -, on emprunte des escaliers construits dans la forêt qui nous mènent vers d'autres sentiers. En chemin, il est possible d'observer une petite cascade et d'autres vestiges.

Une fois de plus, afin de prendre le temps de tout observer, de s'asseoir et de reprendre son souffle, au moins trois heures et même quatre sont nécessaires pour arpenter la cité. La partie du site ouverte aux visiteurs ne donne toutefois qu'un aperçu de ce qu'a été Palenque car la cité s'étendrait dans la jungle sur une longueur d'environ huit kilomètres. La végétation cache donc jalousement des ruines encore inconnues. Avis aux explorateurs.

Tulum

Une mer bleu turquoise, du sable aussi blanc que la neige et des ruines mayas beiges situées en haut d'une falaise. Voilà le portrait de Tulum.

Le secret de sa beauté? La mer des Caraïbes. Contrairement à Yaxchilán et à Palenque, qui se cachent en pleine forêt, le site de Tulum est la seule cité maya située en bordure de l'eau, ce qui en fait un endroit particulier. Ainsi, les arbres se font plutôt rares sur le site et la visite se déroule plus souvent qu'autrement sous un soleil de plomb. C'est ce qui explique que la plupart des touristes parcourent l'endroit bouteille d'eau à la main et ...en maillot de bain. Heureusement, un escalier construit dans le rocher permet d'accéder à la plage et de se rafraîchir.

La cité s'est développée entre le XIIIe et le XVIe siècle. La ville - important lieu d'échanges commerciaux en raison de son accès à la mer - existait d'ailleurs encore lorsque les Espagnols sont débarqués en 1518.

Les ruines de Tulum, construites lors du déclin de la période maya, n'ont toutefois pas la splendeur des constructions de Palenque. Elles sont d'ailleurs décrites comme étant «un exemple du style décadent». Les pyramides et les immenses palais ne font pas partie du décor. Les différents temples et le Castillo sont loin d'être des édifices imposants. La vue sur la mer - qui donne au paysage des airs de paradis - contribue à rendre la visite intéressante. Au bout d'une heure, les curieux auront rapidement fait le tour de Tulum.

Et que peut-on faire ensuite? Répondre à l'appel de la plage. Située à plus d'une heure de voiture de la célèbre Playa del Carmen dans la région de la Riviera Maya, la plage de Tulum est d'une beauté à couper le souffle et surtout... moins touristique que sa voisine. On peut y passer facilement quelques jours à lézarder au soleil. Sur des kilomètres de sable blanc, des hôtels et des petites cabañas ont été construites sous les palmiers. De la plage, il est même possible d'apercevoir quelques monuments du site archéologique.

Avec un budget serré, il est préférable de dormir au village, à quelques kilomètres de la mer, plutôt que sur la plage. L'endroit est plutôt paisible et il est agréable de se promener sur l'avenue principale où l'on peut trouver une multitude de petits restaurants et cafés. Pour se rendre au bord de l'eau à partir du village, une piste cyclable a été aménagée. Les plus courageux pourront également faire le trajet à pied. Calculez une bonne trentaine de minutes. Après la marche, la baignade dans la mer des Caraïbes sera encore plus satisfaisante.

Chichén Itzá

Histoire de boucler la boucle, au nord-ouest de Tulum, Chichén Itzá compte parmi les sites les plus populaires auprès des touristes et des amoureux de la culture maya qui sillonnent le Yucatan.

L'endroit se trouve sur la route de Cancun, à environ 120 kilomètres de Mérida. Cette ville préhispanique, qui a atteint son apogée entre l'an 750 et 1200, a été classée au patrimoine mondial de l'humanité. La présence de puits naturels a donné à l'endroit une grande valeur puisque l'eau se fait plutôt rare dans cette région. On dit que sans cette eau, la cité n'aurait pas survécu. En phase de déclin au Xe siècle - on ignore ce qui s'est passé exactement -, Chichén Itzá a eu un deuxième souffle en l'an 1000 avec l'arrivée de tribus toltèques.

Le développement de Chichén Itzá a été rendu possible grâce à la contribution de plusieurs peuples: les Mayas, les Toltèques et les Iztaes. L'UNESCO définit d'ailleurs l'endroit comme étant «l'un des exemples les plus importants de la civilisation maya-toltèque du Yucatán».

Pour les lève-tôt qui souhaitent visiter le site le matin, on suggère de dormir à Piste, village situé à 20 minutes à pied de la zone archéologique.

Encore là, pour faire le tour de Chichén Itzá, trois ou quatre heures sont nécessaires. Après la visite, les touristes peuvent se rendre aux grottes de Balancanche, à six kilomètres du site archéologique. Des hôtels et des restaurants sont nécessaires.

À l'intérieur de ces grottes, lieu de cérémonies secrètes pour les mayas, des offrandes comme des poteries ont été découvertes. Un passage aux grottes est une bonne façon de compléter ce pèlerinage historique.