Une visite guidée de sa propre ville? Pourquoi pas! La Presse a testé quatre formules originales qui permettent de voir Montréal autrement et d'aller hors des sentiers battus.

L'Amphibus

C'est quoi?

C'est un véhicule amphibie qui offre une visite commentée du Vieux-Montréal, d'abord dans les rues, puis sur l'eau du Saint-Laurent.

La visite, d'une durée d'une heure, emprunte le boulevard Saint-Laurent à partir de la rue de la Commune, puis la rue Saint-Jacques vers l'ouest, la rue McGill vers le sud jusqu'au fameux silo no 5, qu'on longe de très près par un chemin qu'on dirait presque secret pour atteindre la rampe de mise à l'eau. Et plouf! l'Amphibus descend sur le Saint-Laurent, vogue poussivement jusqu'au bout du parc de la Cité du Havre et fait demi-tour pour rentrer au bercail par la rue de la Commune.

On a appris

Quelques anecdotes amusantes ou insolites, comme le fait que l'architecte de la basilique Notre-Dame s'est converti au catholicisme pour pouvoir se faire enterrer dans la crypte de ce qu'il considérait comme son chef-d'oeuvre. Ou l'utilité de cette énorme masse cubique derrière l'immeuble de la Banque Nationale, qu'on n'avait jamais remarquée, et qui n'est autre que son coffre-fort. Ou encore que le silo no 5 était le plus petit (!) des 17 que comptait autrefois Montréal.

On a aimé

Le fait de pouvoir contempler des coins de Montréal sous un angle nouveau, comme le parc de la Cité-du-Havre, notamment, véritable bijou au milieu du fleuve. On peut y voir les pêcheurs tendre nonchalamment leur ligne, des amoureux marcher au bord de l'eau... on dirait une toile de Seurat.

On a aussi aimé le fait que l'Amphibus soit pourvu d'immenses fenêtres non vitrées qui laissent entrer l'air (et parfois des embruns!), ainsi que le fait d'être assis presque au ras de l'eau. On sent vraiment qu'on est sur le fleuve. Cela donne une perspective étonnante. Paradoxalement, les immeubles du centre-ville paraissent ridiculement petits, comme tassés sur eux-mêmes.

On a moins aimé

Le côté quelque peu cabotin du commentaire, que le guide émaille de considérations personnelles au détriment d'information plus pertinente. Les étrangers aimeraient peut-être, par exemple, en savoir plus sur l'histoire du canal de Lachine (pas un mot sur les écluses, qu'on longe pourtant) ou connaître la raison pour laquelle la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours porte ce nom.

Il est vrai que, comme le commentaire se fait dans les deux langues officielles, ça laisse deux fois moins de temps pour dire des choses instructives ET faire les indispensables blagues qui permettent de garder l'attention des passagers... Des visites en français et en anglais, en alternance, permettraient de résoudre l'équation.

On conseillera la visite à...

C'est une balade amusante à faire notamment avec des enfants, parce qu'elle ne dure pas trop longtemps et que la partie aquatique est plutôt rigolote.

Info

Le tarif famille (2 adultes et 2 enfants de moins de 18 ans) est de 88$, taxes incluses.

L'Amphibus est en service du 1er mai au 31 octobre. En haute saison (du 20 juin au 1er septembre), les départs ont lieu toutes les heures, tous les jours de la semaine.

http://www.montreal-amphibus-tour.com/

- Fabienne Couturier, La Presse

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La balade des fantômes

C'est quoi?

Une promenade à la nuit tombée dans le Vieux-Montréal pour en découvrir le passé obscur, les histoires glauques de meurtres non résolus ou faussement résolus, dont les auteurs ou les victimes rôderaient encore dans les parages avec assez de vigueur pour effrayer ici et là les résidants et les travailleurs du coin.

Le départ est donné place Royale à la tombée de la nuit. Un certain «Monsieur E» nous accueille en queue de pie, canne à pommeau et bagues argentées aux doigts: le costume d'un homme mystérieux, d'un conteur de cabaret. «Tout ce qui vous sera raconté ce soir sera vrai, avec un supplément «d'épices»», dit-il au petit groupe de touristes montréalais et français. Tant mieux. C'est justement cela qu'on est venus chercher: les ruelles et les édifices devant lesquels on est passés des dizaines de fois sans même vraiment les remarquer revêtent un visage tellement plus intéressant lorsqu'on découvre les histoires abracadabrantes qui s'y sont produites à l'époque de la colonie.

En 90 minutes, le comédien aura le temps de nous raconter une douzaine de ces légendes: celle du spectre d'une fillette brûlée vive à l'auberge Saint-Gabriel qui hanterait les lieux et apparaîtrait sur les photos qui y sont prises, ou encore celle du restaurant Les Trois Brasseurs, où des clients auraient entendu à plusieurs reprises des bruits de pas assez forts pour qu'ils demandent si une discothèque occupe l'étage supérieur, alors que les locaux sont parfaitement vides. Seraient-ce alors les fantômes des victimes qui ont tenté, en vain, de fuir les flammes mortelles d'un incendie qu'ils ont entendus?

«On me demande souvent si je crois au paranormal: je crois que les témoignages que nous recueillons proviennent de gens qui croient sincèrement ce qu'ils racontent», notera plus tard en entrevue la présidente de l'agence Guidatour, Louise Hébert.

Reste qu'au passage, on en apprend aussi beaucoup sur les conditions (exécrables) dans lesquelles s'exerçait la justice à l'époque de la colonie française, puis britannique. Et ces faits, bien réels, donnent parfois encore plus froid dans le dos que les phénomènes inexpliqués exposés.

On a appris

Que la rue Saint-Paul avait déjà, à l'époque de la Nouvelle-France, la réputation d'être hantée, ce qui n'était certainement pas étranger au fait qu'on y exposait, dans des cages, les criminels.

On a aimé

Se promener la nuit dans le Vieux-Montréal, qui se révèle si joli, peut-être plus encore qu'en plein jour, avec son aura de mystère et ses édifices de pierre judicieusement éclairés contrastant avec les ruelles sombres: on a parfois l'impression de se promener dans un décor de cinéma. Et on a aimé sortir des sentiers battus par les autres visites guidées plus classiques qui s'en tiennent strictement à l'histoire du secteur.

On a moins aimé

Aussi bon comédien soit-il, le guide livre un discours un peu trop chargé, avec des histoires souvent bien alambiquées: il est parfois dur de suivre, surtout tard le soir, quand la fatigue s'en mêle. Moins, c'est mieux parfois pour plus d'effet.

On regrette aussi de ne pas pouvoir pénétrer dans les lieux où se dérouleraient les phénomènes paranormaux rapportés. Les explications sont données à l'extérieur, ce qui en limite un peu le potentiel d'épouvante.

On conseillera la visite à...

Pour les enfants âgés d'au moins 12 ans: ce n'est pas tellement que les histoires sont effrayantes, mais souvent un peu complexes. Pour les Montréalais qui veulent découvrir leur ville autrement, ou les touristes qui ne sont pas particulièrement férus d'histoire «classique».

Info

Départs tous les jours à 20h30, sauf les lundis et samedis.

Tarifs: adultes: 22$, étudiants: 18,50$, jeunes (12-17 ans): 14,50$.

http://guidatour.qc.ca/

- Violaine Ballivy, La Presse

Photo Olivier Jean, La Presse

Photo Olivier Jean, La Presse