Au nord-ouest de Quito, à trois ou quatre heures de route de la métropole, se cache l’un des écosystèmes les plus enchanteurs de l’Équateur. Son nom, poétique à souhait : la forêt de nuages.

Ici, les sommets des Andes baignent en quasi-permanence dans une fine brume. Dans cette humidité constante, les plantes s’épanouissent depuis le sol jusqu’à la cime des arbres, les oiseaux abondent et le vert se décline en mille nuances. C’est le paradis des fougères immenses, des orchidées qui poussent dans la mousse des arbres, des broméliacées qui s’accrochent au flanc des montagnes et des chutes d’eau qui cascadent en gargouillant.

Quelques lodges se sont installés dans ce décor digne de Jurassic Park et permettent aux visiteurs de découvrir, en compagnie de guides locaux, leurs écrins de verdure. Le Mashpi Lodge est l’un d’entre eux. Installé dans une réserve privée de 25 000 hectares, le luxueux lodge dispose de 23 chambres dont la généreuse fenestration donne sur un mur végétal on ne peut plus naturel. Le site comprend aussi un centre de recherche où des scientifiques du monde entier viennent travailler, tantôt sur les grenouilles, tantôt sur les papillons ou les reptiles.

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Les chambres du Mashpi Lodge sont dotées d’une large fenestration.

Et alors qu’on croit que chaque millimètre de la Terre a été maintes fois exploré, les scientifiques de Mashpi continuent de découvrir des espèces animales ou végétales inconnues jusque-là.

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Quatre gardes-parc à bord d’une cabine du téléphérique. Pour s’abriter de la pluie, l’un d’eux a cueilli une feuille géante.

En 2015, nous avons répertorié une nouvelle espèce de grenouille. En 2016, c’est une nouvelle espèce de magnolia qui a été découverte et en 2019, une nouvelle espèce d’orchidée.

Mateo Roldan, directeur de la recherche

  • Un moucherolle orné

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    Un moucherolle orné

  • Deux tangaras des palmiers s’alimentent au sommet des arbres.

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    Deux tangaras des palmiers s’alimentent au sommet des arbres.

  • Saurez-vous repérer l’oiseau-mouche dans son minuscule nid ?

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    Saurez-vous repérer l’oiseau-mouche dans son minuscule nid ?

  • Il faut un œil de lynx pour repérer au milieu des arbres cet ibijau gris au repos.

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    Il faut un œil de lynx pour repérer au milieu des arbres cet ibijau gris au repos.

  • UN MOTMOT À BEC LARGE

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    UN MOTMOT À BEC LARGE

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D’autres avancées du genre sont à prévoir, dit-il. Les forêts de nuages ne comptent que pour 4 % du territoire de l’Équateur, mais elles ont encore plusieurs secrets à livrer.

Exploration guidée

Pour les visiteurs, la forêt de nuages représente un fantastique terrain à explorer, à toute heure de la journée. Ainsi, à l’aube, nous sommes partis en compagnie d’un guide, Gabriel Araque, pour observer la faune ailée, en particulier les oiseaux-mouches qui fréquentent les abreuvoirs installés près d’un abri couvert où un déjeuner continental nous attend.

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Gabriel Araque, guide au Mashpi Lodge

Pas moins de 32 espèces de colibri vivent dans la réserve et 19 peuvent être facilement observées dans ce jardin sucré aménagé pour eux. Impossible d’ailleurs de rater ces oiseaux, car ils volent autour des abreuvoirs dans un froufrou d’ailes, leurs plumes colorées luisant dans la lumière du matin. Même le plus inexpérimenté des photographes arrivera à les croquer, tellement ils sont près et peu farouches.

Après le lunch, on part explorer la canopée de la forêt à bord d’un téléphérique baptisé la Libellule. Le câble s’étend sur 2 km, à 60 m au-dessus du sol. Autour, tout est vert. Des feuilles grosses comme des oreilles d’éléphant côtoient de jeunes feuilles aux pointes rose vif.

Armé de lunettes d’approche, Gabriel réussit à repérer dans ce fatras de verdure plusieurs oiseaux, y compris un ibijau gris parfaitement camouflé sur le bout d’une branche. Il faudra une photo pour prouver qu’il y avait bien là autre chose que du bois… Gabriel a décidément un œil de lynx et bientôt, la liste des espèces observées s’allonge : un toucan de Choco, un moucherolle orné, un motmot à bec large, deux tangaras des palmiers en train de s’alimenter… Et un oiseau-mouche ridiculement petit installé dans un nid minuscule. De quoi susciter l’enthousiasme des ornithologues les plus blasés…

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Une grenouille de verre se tient coite sur une feuille.

À la nuit tombée, ce sont les grenouilles qui deviendront l’objet de notre quête. Chaussés de bottes d’eau, nous remontons un petit ruisseau pour tenter de les débusquer à la lampe de poche. C’est encore Gabriel qui viendra sauver la mise. Il réussit à trouver une grenouille de verre grosse comme le bout de son pouce sur une feuille vert tendre. Une beauté…

Avec ses activités guidées, son centre de recherche et sa philosophie environnementale (l’hôtel est carboneutre), le Mashpi Lodge fait partie des lodges d’exception de National Geographic. On n’en compte qu’une soixantaine dans le monde, et « chacun doit respecter des critères stricts de recherche et de conservation pour faire partie du groupe », explique le directeur des expéditions, Victor Jacome.

Bien sûr, ce luxe et cette rareté ont un prix. Il faut compter autour de 1400 $ par nuit, par chambre. Les repas, le transport depuis Quito et les activités guidées sont inclus.

Une partie des frais de ce voyage ont été payés par Pro Ecuador, qui n’a exercé aucun droit de regard sur le contenu du reportage. Le transport aérien a été fourni par Air Canada.

> Consultez le site web du Mashpi Lodge (en anglais)