Jour 1

Jour 1

20h

Après plusieurs heures de route, vivement notre hôtel! The Island City House se compose de plusieurs maisons anciennes adossées à un exubérant jardin tropical, au milieu duquel un jet d'eau retombe dans un bassin de pierre. Qu'il doit faire bon s'y alanguir par les chauds soirs d'été, quand les grillons stridulent et que l'air se fait rare! Notre petit appartement, au rez-de-chaussée de l'une d'elles, nous séduit: planchers qui craquent, meubles anciens, profonds canapés et, dans l'une des chambres, le lit de la princesse au petit pois, si haut qu'il faudrait un escabeau pour s'y hisser.

Mais il est encore tôt, il nous faut manger et puis tâter un peu le pouls de la ville. En route pour Duval Street, qui est paraît-il à Key West ce que la rue Bourbon est à La Nouvelle-Orléans.

20h 30

La promenade le long des quais du vieux port est charmante. Les restos chic alternent avec les bars funky, où l'on vous sert des conch fritters (conques frites, plat régional typique) dans une barquette de carton, un conch chowder tomaté dans un bol de styromousse, une bière plus ou moins plate dans un gobelet de plastique. Chaque bouiboui a son groupe maison, les notes sortent par tous les interstices des murs de planches.

22h

Malgré l'heure tardive, il y a encore beaucoup de monde sur Mallory Square, où se réunissent chaque soir les touristes venus admirer le coucher du soleil, les vendeurs de camelote, les diseuses de bonne aventure et les amuseurs de toutes obédiences. Le courant nous emporte vers Duval Street, où règne la même atmosphère que dans tous les lieux de villégiature du monde: vacanciers court vêtus, musiciens de rue, bars tonitruants...

Mais il y a quelque chose de plus, que l'on cherche sans comprendre jusqu'à ce qu'on remarque les volets de bois, les galeries ouvragées, les toits de tuiles ou de zinc... C'est l'architecture typique des Caraïbes. Il est vrai que Cuba, après tout, ne se trouve qu'à 90 milles. Key West donne peut-être une idée de ce que serait l'île de Fidel si le coup de la baie des Cochons avait réussi!



Jour 2


9h

Il faut repasser par la rue Duval pour se rendre à la maison d'Ernest Hemingway, incontournable pèlerinage. Ce matin, tous les commerces sont ouverts, et l'on pourrait flâner sans fin entre les galeries d'art et les magasins de beaux objets. Ici et là, des vendeurs de cigares offrent leur odorante marchandise dans de minuscules étals. Devant l'extravagante façade du Strand, ancien cinéma hélas converti en pharmacie, un type habillé en pirate et pourvu d'une authentique jambe de bois arpente le trottoir. Versez-lui un dollar ou deux et il se laissera photographier: c'est son gagne-pain.

11h

De tous les écrivains qu'a séduits Key West, Ernest Hemingway est sûrement l'icône absolue. Bien des établissements de l'île lui doivent leur raison sociale ou leur notoriété, quand ce n'est pas les deux.

Dans la belle demeure coloniale qu'il a habitée, tout est resté, dirait-on, en l'état. Meubles anciens venus d'Espagne, livres, beaux objets et moulinets de pêche montrent assez où allaient les passions de ce redoutable viveur. Ne manquerait plus qu'on nous offre un whisky! Partout, des chats font la sieste tranquillement sans autrement se soucier des touristes. Ils sont une soixantaine, dont plusieurs, qui ont aux pattes un sixième doigt, voire un septième, descendent en droite ligne du premier chat d'Hemingway.

15h

C'est l'heure de s'offrir une pointe de Key lime pie, la célébrissime tarte des Keys. Chez Kermit, dans un décor d'un vert vitaminé, on trouve tout ce que l'on peut tirer de cette limette locale: vinaigrettes, savons, biscuits, etc. Essayez la tarte saucée dans le chocolat noir puis congelée. Trop bon!

16h 30

Nous embarquons sur le schooner Liberty, l'un des nombreux bateaux qui appareillent pour le coucher du soleil. Une fois sortis du havre, toutes voiles dehors, nous mettons le cap vers l'ouest. Quand nous croisons un navire soeur, c'est le branle-bas de combat. L'une des belles amazones de l'équipage amorce un canon de bronze et, à la hauteur du clipper, fait feu d'un vigoureux coup de maillet. PAF! Mais c'est pour rire: le canon est minuscule et ne contient qu'un inoffensif pétard. Tout le monde rigole, c'est un fameux moment.

20h

Puisque nous sommes en quelque sorte à Cuba sans les restrictions, essayons donc la cuisine cubaine sans les restrictions. On nous a recommandé El Meson de Pepe, tout près du port. Sur la terrasse, un écriteau demande «Please, do not feed chickens». C'est que les chats et les coqs, à Key West, sont aussi sacrés que les vaches à Delhi. Les premiers à cause de l'affection que leur vouait Hemingway, les seconds depuis l'interdiction des combats de coqs. Maintenant, les uns et les autres errent partout en bonne intelligence.



Jour 3


9h

Le vélo est l'un des meilleurs moyens de se déplacer à Key West, et l'on en trouve à louer à tous les coins de rue. Ce sont de bonnes grosses bicyclettes aux freins à rétropédalage et à selle de tracteur. Ainsi équipés, nous passons par le cimetière, dont les stèles blanches portent parfois des épitaphes étonnantes. Nous n'avons pas trouvé celle, célèbre, où le mort déclare amèrement «I told you I was sick», mais nous avons tout de même vu les sépultures de trois chiens et d'un... chevreuil!

11h

Au Fort Zachary Taylor State Park, on a à grands frais déversé des tonnes de sable blanc pour créer une plage digne de ce nom, dont Key West était cruellement dépourvu. Un petit club offre à louer des chaises, des parasols et des tubas. Mer calme et turquoise, clientèle familiale, on aime.

13h

Le Curry Mansion est la demeure du premier millionnaire de Key West. C'est à la fois un hôtel de charme et un musée sur la vie des riches d'autrefois. Du haut du widow's walk (le petit belvédère où les femmes de marins guettaient le retour de leur homme), on a une jolie vue des toits et de la mer, mélancolique conclusion de ce trop bref séjour.



Les frais de ce voyage ont été payés par VISIT FLORIDA (visitflorida.com), en collaboration avec WestJet, The Island City House et Dollar Rent a Car.