Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : un couple de jeunes retraités qui voyagent en van, en toute saison.
Elle s’appelle Dechinta. En déné, une langue autochtone du Nord, dechinta veut dire « être dans la nature ».
Elle, c’est la van d’Yvon Milliard et de Louise Petit. Leur petit cocon. Leur projet de retraite, aussi, puisque c’est à bord de ce véhicule aménagé — et isolé pour affronter des températures glaciales bien sous zéro — qu’ils comptent sillonner le Québec de bout en bout, avant de partir à l’assaut du reste du Canada et des États-Unis, jusqu’au Mexique.
« Notre but ultime, c’est de nous rendre à Tulum », affirme Yvon Milliard.
L’automne dernier, ils ont parcouru la Gaspésie durant un mois. Leur secret, confie Louise Petit, c’est de rouler une heure par jour — une heure et demie tout au plus. Histoire de prendre le temps de tout voir, de s’arrêter, de marcher, d’explorer.
Parce que leur grand plaisir à tous les deux, c’est d’être dehors. De voyager en mode slow travel. « On aime beaucoup le plein air : faire de la marche, de la raquette, observer les oiseaux… », souligne Louise Petit.
À la fin de mai, ils mettront le cap sur Terre-Neuve, leur prochaine grande destination. Puis ce sera le Yukon.
« J’ai tellement hâte d’aller à Terre-Neuve pour voir les icebergs, des baleines sauter dans l’océan », se réjouit Louise Petit.
Grâce à Dechinta, elle raconte comment elle a pu voir des aurores boréales inoubliables en Gaspésie. Ou encore déjeuner sur le bord du fleuve, face au spectacle des oiseaux marins qui plongent dans l’eau. Sa fenêtre, c’est sa « belle télévision sur le fleuve ».
Un coup de cœur
Comme ils aiment « bien trop » l’hiver québécois pour le quitter, Yvon Milliard et Louise Petit ont trouvé dans ce véhicule tout ce qu’ils recherchaient. Et l’attente pour l’avoir en a valu la peine.
Pendant près de 16 ans, le couple a été propriétaire d’un voilier. Alors les espaces exigus, ils connaissent. Puis ils ont eu envie de « passer à autre chose ». En 2019, ils prennent en location une van Mercedes. « On a adoré, mais ce qu’on n’avait pas aimé, c’est qu’elle était trop longue », note Yvon Milliard.
Durant l’hiver 2020, ils louent un petit chalet dans un parc de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) et adorent l’expérience d’être en pleine nature. Louise Petit lance l’idée de « faire toutes les SEPAQ » à la retraite, qui approchait. Ils commencent à chercher des chalets pour l’été, mais on est déjà en pleine pandémie et tout est complet.
C’est là qu’Yvon Milliard se met à jeter un œil sur des vans. Le coup de cœur est immédiat ; ils réalisent que c’est exactement ce qu’il leur faut.
Ils se rendent chez Van Life Mtl, qui leur apprend qu’il y a deux ans d’attente pour se procurer un véhicule… Mais la chance leur sourit : ils trouvent le dernier véhicule usagé au pays (un camion vendu par Purolator) — sans savoir que Van Life Mtl essayait aussi de mettre la main dessus. L’entreprise de LaSalle leur laisse le véhicule avec l’accord d’en faire la transformation.
En octobre 2021, ils sont finalement prêts à passer leur premier hiver à voyager à bord de Dechinta.
« Tout l’été, on était en attente de notre transformation, mais on a vécu notre van life, raconte Louise Petit. On avait juste mis des coussins par terre pour dormir, on avait notre glacière, une grosse cruche d’eau, notre toilette à cassette qu’on avait demandée à Van Life Mtl, qui nous avait mis des fenêtres. Donc on a pu profiter de notre été avec une van vide. On a adoré ça et on se disait : oh, mon Dieu, quand ça va être transformé, c’est certain qu’on va adorer ça encore plus parce qu’on va avoir toutes les commodités. »
En plus, ils sont tout équipés pour être autonomes, forts des leçons apprises sur leur voilier. Batteries, chargeurs, panneaux solaires… L’hiver dernier, avant de prendre leur retraite, ils partaient toutes les fins de semaine pour apprivoiser le véhicule à toutes les températures.
« On apprenait ce qui se passait quand il faisait -18 °C ou -30 °C, pour se rendre compte qu’à un moment donné, même si c’est très bien isolé, on a besoin d’un petit chauffage d’appoint », précise Yvon Milliard.
« Après nos voyages, une de mes sœurs m’a demandé s’il y avait quelque chose qui m’avait manqué. J’ai arrêté de parler, j’ai réfléchi ; je cherchais : qu’est-ce qui aurait pu me manquer ? J’avais tout », dit Louise Petit.
Consultez le blogue d’Yvon Milliard et de Louise Petit, Dechinta