Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : un photographe amateur qui sort des sentiers battus.

Jean-Michel Boivin-Deschênes a découvert la photo lors de son premier grand voyage, qui l’a mené de la Turquie à l’Iran, en passant par l’Arménie et la Géorgie, quand il avait 25 ans.

Aujourd’hui âgé de 33 ans, le fonctionnaire à la Ville de Montréal consacre une grande partie de ses économies à ses deux passions, qui se nourrissent mutuellement. S’il a fait quelques déplacements quand c’était permis depuis le début de la pandémie, il a véritablement repris le chemin de l’aventure le printemps dernier, avec un voyage d’un peu plus de deux mois au Kurdistan irakien, en Ouzbékistan et en Éthiopie, avec une escale dans la belle-famille en Turquie, où il a rejoint sa femme pour des vacances.

« Pour moi, c’était le temps d’aller enfin là où je voulais, raconte le voyageur. Il y a un petit vertige quand tu achètes un billet d’avion pour l’Irak, mais je trouve ça vraiment plus intéressant de visiter des pays moins touristiques. »

Ce que j’aime, c’est visiter un endroit pendant des festivités. Ça me permet de faire des photos de rue et des gens qui s’y trouvent.

Jean-Michel Boivin-Deschênes, photographe amateur

Nouvel An à Lalesh

  • Repas communautaire servi lors des festivités du Nouvel An yézidi à Lalesh

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    Repas communautaire servi lors des festivités du Nouvel An yézidi à Lalesh

  • Des jeunes femmes célèbrent le Nouvel An yézidi à Lalesh.

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    Des jeunes femmes célèbrent le Nouvel An yézidi à Lalesh.

  • La place centrale de Lalesh lors des célébrations du Nouvel An yézidi

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    La place centrale de Lalesh lors des célébrations du Nouvel An yézidi

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Dans le nord de l’Irak, il n’a pas hésité à faire la longue route pour passer quelques heures à peine à Lalesh, lieu saint des yézidis, à l’occasion du Nouvel An, célébré le 20 avril dernier pour la première fois depuis le début de la pandémie.

« Les yézidis sont un peuple ultra-minoritaire, qui a été victime des atrocités du groupe État islamique et qui se bat constamment pour sa survie, explique Jean-Michel. Ça valait l’effort pour aller à sa rencontre. De voir les jeunes, de visiter les temples, de partager des repas, et de faire de la photo... il y avait des milliers de personnes, ç’a vraiment été une journée exceptionnelle. »

  • Jeunes participants au festival du printemps de Boysun, en Ouzbékistan

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    Jeunes participants au festival du printemps de Boysun, en Ouzbékistan

  • Célébration d’un mariage traditionnel en marge du festival du printemps de Boysun

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    Célébration d’un mariage traditionnel en marge du festival du printemps de Boysun

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Au début de mai, le voyageur était rendu en Ouzbékistan, où il a notamment pris part au festival du printemps de Boysun. « C’est un festival ouzbek typique, avec de la danse, de la musique, des costumes, des sports équestres et de la lutte », explique-t-il. L’évènement annuel, qui se tient depuis une dizaine d’années dans le village, est assez peu connu et le visiteur étranger a attiré l’attention. « Tout le monde voulait prendre un selfie avec moi et la télé a recueilli mon témoignage. C’était assez drôle ! »

Entre prudence et audace

Quand il s’éloigne en terrain inconnu, Jean-Michel engage toujours un guide. « C’est essentiel pour savoir quoi faire et quoi ne pas faire », souligne-t-il. Malgré tout, il lui arrive – rarement – de se sentir moins en sécurité. Comme en Éthiopie, où il s’est rendu ce printemps, malgré les conflits armés qui y font toujours rage.

« Je prends toujours des précautions, insiste le titulaire d’une maîtrise en sciences politiques, mais à Gondor, où il y a beaucoup de tensions entre les musulmans et les chrétiens, quand tu vois des jeunes avec des AK-47 autour du cou, ça inquiète. » Pour la photo de rue, on repassera.

  • L’église rupestre Bet Giyorgis (Saint-Georges) à Lalibela, en Éthiopie

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    L’église rupestre Bet Giyorgis (Saint-Georges) à Lalibela, en Éthiopie

  • Messe du dimanche dans l’église Bete Medhane Alem, à Lalibela

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    Messe du dimanche dans l’église Bete Medhane Alem, à Lalibela

  • Un jeune moine du monastère Asheton Maryam, près de Lalibela

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    Un jeune moine du monastère Asheton Maryam, près de Lalibela

  • Deux loups d’Abyssinie, dans le parc national du Simien

    PHOTO JEAN-MICHEL BOIVIN-DESCHÊNES, FOURNIE PAR L’AUTEUR

    Deux loups d’Abyssinie, dans le parc national du Simien

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Il garde néanmoins d’excellents souvenirs du pays de la Corne de l’Afrique. Des églises rupestres de Lalibela, taillées à même la roche autour du XIIIe siècle, en particulier.

Quand tu visites un site archéologique en Grèce ou au Cambodge, tu dois imaginer ce qui s’y passait avant, mais à Lalibela, c’est toujours vivant. Il suffit d’aller à une messe pour avoir cette réalité-là sous les yeux.

Jean-Michel Boivin-Deschênes

La rencontre avec les hyènes, nourries chaque soir depuis des siècles par les résidants de Harar, l’a impressionné. Tout comme sa visite dans le parc national du Simien, un canyon peuplé d’une faune endémique exceptionnelle, dont le rare loup d’Abyssinie, qui attire photographes animaliers et marcheurs. Ils se font toutefois peu nombreux ces jours-ci. « Je n’ai croisé aucun autre randonneur sur mon chemin. »

La situation désole Jean-Michel, qui va faire don de certaines de ses photos pour donner un coup de main à des agences locales. Bien sûr, les conflits actuels n’aident pas en Éthiopie, mais les touristes manquent en général d’audace, estime le voyageur. Le surtourisme nuit à tout le monde, autant à ceux qui sont pris d’assaut qu’à ceux qui sont laissés en plan, dit-il. « Avec mes voyages, j’aimerais redonner aux gens le goût de partir à l’aventure. »

Où irez-vous la prochaine fois pour élargir vos horizons ? En tout cas, pour Jean-Michel Boivin-Deschênes, c’est déjà décidé : ce sera l’Himalaya, quelque part en octobre 2023.

Consultez la page Flickr de Jean-Michel Boivin-Deschênes