Partir pour longtemps. Ne pas voyager en fou. Simplement se poser quelque part, vivre comme les habitants locaux. Faire de petites visites dans les alentours. C’est l’objectif que s’est donné l’animateur et chroniqueur Jean-Michel Dufaux lorsqu’il a entrepris un voyage d’un an, en 2018.

Il a goûté au voyage lent (slow travel). Mais il n’a pu s’empêcher de multiplier les excursions, qui représentent une grande partie du livre qu’il vient de publier, Mon année à l’étranger.

« Je ne suis pas rendu un moine bouddhiste qui est capable de résister à la tentation et de dire : “Je ne fais rien, je ne bouge pas, je reste sur ma roche pendant six mois” », commente Jean-Michel Dufaux en entrevue.

Dans le passé, Jean-Michel Dufaux a souvent fait de courts voyages, des voyages de presse « où tu essaies de tout voir ». « Là, ce n’est pas de ça que j’avais le goût. Je voulais me poser, je ne voulais pas être à l’hôtel, je ne voulais pas être dans mes valises tout le temps. Il y avait aussi des raisons financières : je partais pour un an. Je voulais m’immiscer dans la vie locale. »

S’ancrer… un peu

Il a d’abord pensé à passer six mois à un endroit, puis six mois à un autre. Pour finalement choisir trois lieux principaux : Chiang Mai (Thaïlande), Mazatlán (Mexique), Da Nang (Viêtnam), et quelques destinations en Europe pour terminer le périple.

« J’avais un peu de rédaction à faire, je finissais un guide sur Toronto, j’avais des petites jobs ici et là. Je pouvais travailler un peu, mais pour moi, ce qui était important, c’était de trouver un appartement où je me sente bien, trouver un quartier pas trop touristique. »

Dans son livre, Jean-Michel Dufaux explique comment il a procédé pour se loger, quelle était sa routine (il s’est joint notamment à une ligue de hockey-balle à Da Nang), quels étaient ses cafés préférés pour poser l’ordinateur et travailler un peu.

Mais le goût d’explorer l’a rapidement repris.

Des fois, j’avais la bougeotte. De longs week-ends de balades en avion ou en train autour, c’était possible. Je me disais que j’avais la chance d’avoir une année off, que j’allais essayer de la maximiser.

Jean-Michel Dufaux

Le voyage lent, il le vivait là où il s’était posé, à son port d’attache. « Sinon, je devenais un touriste traditionnel et je voulais partager mes coups de cœur et mes impressions. Dans le livre, j’ai voulu inspirer les gens avec de courts chapitres sur ces destinations. »

Un grand nombre de photos couleur de l’auteur agrémentent ces petits récits.

Les bons et les mauvais côtés

Jean-Michel Dufaux a voulu se montrer très honnête : ne pas cacher les moments plus difficiles (une rencontre avec des malfrats à Durango), reconnaître certains choix moins inspirés (Chiang Mai est moins pittoresque, plus pollué que lors de voyages précédents).

« Il s’agissait de faire le pari de la vérité, de ne pas mettre de lunettes roses, de ne pas être dans la représentation : tout est beau, tout est le fun. Il y a eu des épisodes plus difficiles. »

Au cours d’un long voyage, on a évidemment le temps de réfléchir. Jean-Michel Dufaux conclut ainsi son livre avec un certain nombre de réflexions, notamment sur le tourisme de masse. Or, plus on parle d’une destination, plus on risque d’y voir converger des hordes de touristes. « C’est le dilemme de bien des gens qui voyagent, de journalistes de voyage. »

Il essaie donc de privilégier des lieux moins connus où l’équilibre entre tourisme et vie locale est très solide. « Il y a des endroits qui peuvent encore accueillir des touristes sans que ça affecte la magie de l’endroit. »

Il reconnaît que les réseaux sociaux peuvent contribuer au surtourisme.

« Il y a des trucs qu’on voit en voyage, comme la file de gens qui attendent pour faire LA photo, la fameuse photo Instagram que tout le monde fait à un certain endroit. En fait, c’est la fabrication d’un moment, d’un supposé bonheur ou d’un supposé moment de plénitude. D’un côté, je suis critique, mais d’un autre, je participe à ça. »

Jean-Michel Dufaux a profité de la pandémie pour rédiger son livre. Maintenant, il pense repartir. « J’avoue que je recommence à rêver, j’ai envie de repartir. Voyager, ça m’a toujours tellement nourri », dit-il.

Mon année à l’étranger – Récit de slow travel

Mon année à l’étranger – Récit de slow travel

Parfum d’encre

304 pages

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    C’est le nombre de jours qu’a duré le périple de Jean-Michel Dufaux en Asie, au Mexique et en Europe.