La croisière-expédition est le nec plus ultra des croisières. Elle promet de grandes émotions dans des régions isolées et l'observation d'animaux sauvages dans des paysages spectaculaires.

L'Arctique est une destination-expédition très prisée. Grands espaces dénudés, lumière du Nord, fjords inexplorés, icebergs et glaciers garantissent un dépaysement total. Sans parler de la faune (boeufs musqués, ours, baleines, etc.) et des aurores boréales.

Chef de file des croisières-expéditions, l'entreprise française Ponant donne l'occasion à ses passagers de jouer aux explorateurs sans sacrifier leur confort. Ses navires de luxe, adaptés à toutes les conditions de navigation, empruntent différents itinéraires en Arctique pendant l'été. Le Boréal et le Soléal accueillent environ 200 passagers chacun dans un environnement francophone, élégant et décontracté.

Début septembre, nous avons fait la croisière Kangerlussuaq-Québec à bord du Boréal de Ponant. L'itinéraire de 14 nuits combine une partie expédition (du Groenland à Terre-Neuve) et des escales classiques au Québec.

La partie expédition

Tous les passagers doivent d'abord se rendre à Paris. De là, un avion les amène au Groenland. Cette île qui appartient au Danemark est recouverte à 85 % par la calotte glaciaire. Les blocs erratiques au milieu de la toundra témoignent éloquemment de la fonte des glaciers. L'embarquement se fait à Kangerlussuaq.

Dès le lendemain, le navire fait escale à Sisimiut, un autre village groenlandais. Difficile de résister aux belles sculptures et à l'artisanat local. Seule déception, nous quittons le Groenland sans avoir aperçu un seul des milliers de boeufs musqués, rennes et renards polaires qui y vivent.

De forts vents et une mer agitée ralentissent la traversée du détroit de Davis qui sépare le Groenland du Nunavut (Canada). La première sortie en zodiac est ponctuée par la brève apparition d'un ours dans l'île Monumentale, étrange falaise au milieu de la mer.

À bord du Boréal, huit naturalistes tentent de repérer animaux sauvages, baleines et icebergs. Le commandant ralentit alors le navire pour en faciliter l'observation. Les scientifiques présentent aussi une ou deux conférences par jour sur l'Arctique, les ours polaires, les baleines, les glaciers, etc.

À Iqaluit, la capitale du Nunavut, le Boréal rencontre quelques icebergs en remontant la baie de Frobisher jusqu'au glacier Grinell. Dans la baie d'Ungava, quatre ou cinq ours se promènent tranquillement dans l'île Akpatok. Ceux qui ont de puissants objectifs réussissent à les photographier.

Le fjord de Saglek réserve une belle surprise: un rorqual commun multiplie les cabrioles devant le navire. Le Boréal longe ensuite la côte du Labrador et les monts Torngat. La fin de soirée est illuminée par une aurore boréale.

La vie à bord est très calme. Les croisières-expéditions attirent surtout des couples de retraités qui ont déjà sillonné les principales mers du monde. Entre les repas, les conférences et la sortie quotidienne de 90 minutes en zodiac, les passagers lisent, regardent défiler les paysages ou font la sieste. Quelques spectacles de danse, des récitals de musique classique et une chanteuse celtique agrémentent les soirées.

L'escale à Battle Harbour où vivent une quinzaine de personnes procure une bouffée d'air frais. Cette station de pêche estivale a été pendant deux siècles un centre important de transformation du poisson. Ravagée par un incendie en 1930, la ville a été désertée jusqu'en 1980. Les bâtiments du quartier historique, fidèlement reconstitués, donnent une bonne idée de la vie des habitants aux XVIIIe et XIXe siècles.

La partie expédition de la croisière se termine à Gros Morne (Terre-Neuve).

Les escales au Québec

Les passagers, provenant en très grande majorité de France, attendent beaucoup de l'escale à Percé et de l'excursion aux fous de Bassan dans l'île Bonaventure. Mais les conditions météo forcent le commandant à annuler le débarquement.

Le soleil revient pendant que le navire s'engage dans le fleuve Saint-Laurent. Une journée complète à Tadoussac et la présence de nombreuses baleines donnent un nouveau souffle à la croisière. Saguenay et son fjord séduisent les gens. Puis, à Québec, le Boréal reste à quai pendant deux jours.

Les «risques» de l'aventure

Contrairement à une croisière dans les Antilles, par exemple, où le beau temps est presque toujours au rendez-vous et les infrastructures touristiques, très développées, une croisière-expédition s'avère beaucoup plus dépendante des aléas de la météo. Dans les régions moins fréquentées, la mer est souvent plus agitée et le temps, plus froid. Des activités peuvent être annulées pour ces raisons. Et si, une année, baleines et ours polaires sont au rendez-vous, rien ne dit que ces mêmes animaux voudront aussi se montrer l'année suivante. À bon entendeur, salut!

Combien ça coûte?

À partir de Montréal, il faut compter environ 7500 $ pour une croisière-expédition de deux semaines en Arctique.

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Les frais de cette croisière ont été payés par Ponant.