Un chef de caravane qui ouvre la parade, 20 véhicules récréatifs (VR) qui se suivent, un serre-file qui ferme la marche, bienvenue dans les circuits-caravanes! Les adeptes de VR s'intéressent de plus en plus à cette façon de voyager sans souci qui permet de se faire des amis et de s'aventurer, en toute sécurité, sur les routes du Sud. Floride, Texas, Arizona et Mexique, attentions, ils arrivent!

N'essayez pas de joindre Jeanine Ouimette et Denis Madore à la maison au cours des trois prochains mois. Pour fuir le froid et la neige, ce couple de Coaticook est sur le point d'embarquer à bord de son véhicule récréatif (VR). Cap sur le Texas. Un road trip de plus de 7000 km.

Mais ils ne partiront pas seuls. Pour la cinquième fois, ces VRistes d'expérience participeront à un circuit-caravane organisé par la Fédération québécoise de camping et de caravaning (FQCC). Ces voyages réunissent une quarantaine de passionnés de VR qui se suivront, sur la route, d'un camping à l'autre, pour plusieurs semaines d'activités.

À la tête de ces tournées, un chef de caravane s'occupe de tout. De la location des terrains de camping à la réservation des restaurants, en passant par la planification des 5 à 7 et des joutes de golf. «Résultat: les participants n'ont absolument rien à faire. Ils ont juste à respirer», rigole Yves Tremblay, chef de caravane pour le prochain voyage de la FQCC au Texas.

Pour ne perdre personne sur la route, un serre-file ferme la marche. Son travail: résoudre les pépins mécaniques, que ce soit un toit qui coule ou un moteur qui veut rendre l'âme. Toutefois, les problèmes les plus fréquents, avec des voyageurs à la retraite, sont les ennuis de santé. Depuis cinq ans qu'il travaille comme guide, M. Tremblay a tout vu: de la crise cardiaque à la piqûre de guêpe qui enfle d'une façon démesurée.

Liberté de groupe?

N'est-ce pas bizarre, pour un adepte de VR, de se greffer à un groupe? Le VR n'est-il pas synonyme de liberté, comme la moto? Pour Jeanine Ouimette-Madore, semi-retraitée de 67 ans, rien ne vaut le plaisir de voyager en bonne compagnie. «On a toujours fait du camping, mais depuis le départ des enfants de la maison, on n'aime pas voyager seuls. En couple, on se chicane tout le temps!» confie-t-elle. Et pourquoi le faire en VR? Parce qu'il n'y a pas de valises à faire. «Ce n'est pas grave si on trimballe trop de bagages. Chaque matin, on est à la maison!» dit-elle.

D'autres raisons motivent les VRistes à se joindre à une caravane. Plusieurs en sont à leur premier long voyage. Ils veulent acquérir de l'expérience. D'autres ne maîtrisent pas l'anglais, ce qui complique leurs déplacements. D'autres encore cherchent à vivre de nouvelles aventures avec le sentiment de sécurité d'un voyage organisé.

Et les Madore l'admettent: ils n'auraient jamais osé franchir la frontière mexicaine en solo.

Liste d'attente

Mis en place depuis 1994, les voyages de groupe vers les destinations du Sud (Floride, Arizona, Mexique, Texas et Californie) sont de plus en plus populaires à la FQCC. Dès la mise en marché d'un itinéraire, les places s'envolent dans le temps de le dire. «Il a fallu mettre en place des listes d'attente pour gérer la demande», affirme Louise Gagnon, directrice des communications à la FQCC.

Pourquoi ne pas augmenter le volume des voyages? Il est difficile, pour la Fédération, de recruter des bons chefs de caravane et des serre-files d'expérience. Surtout que ceux-ci le font presque bénévolement.

Le coût d'un voyage organisé à la FQCC varie de 5000$ à 10 000$ pour deux (un couple par VR). Ce qui comprend les frais pour tous les terrains de camping, une dizaine de repas et les visites guidées. À cela, il faut ajouter le coût du «condo à roulettes», de l'essence et de l'épicerie. Outre la FQCC, d'autres entreprises québécoises offrent ce type de voyages, comme Caravanes Soleil, qui organise sept voyages de groupe au Mexique par année, et le concessionnaire de VR Horizon Lussier, situé à Marieville, à 40 km de Montréal. «Qu'ils soient en groupe ou en solo, la plupart des mordus de VR partent pour le Sud après les Fêtes pour revenir à Pâques», dit Mme Gagnon.

Coûteux? Les passionnés de VR clament que le tourisme caravanier constitue la forme de voyage la plus économique sur le marché. Ils citent surtout la réduction des coûts d'hébergement (un emplacement de camping coûte beaucoup moins cher qu'une chambre d'hôtel) et la possibilité de cuisiner ses propres repas. Le tout même si l'achat d'un motorisé peut facilement excéder 100 000$.

VR à temps plein

En 1997, Paul Laquerre et sa conjointe, Michelle Lemay, décident de tout plaquer pour s'installer, à temps plein, dans leur VR. Depuis, ils voyagent sans arrêt sur le continent, ne séjournant jamais plus que quelques semaines au même endroit. Dès que la saison froide approche, ces nomades migrent vers les États-Unis, fuyant la neige comme la peste. «On n'a pas le choix, les VR ne sont pas isolés», dit M. Laquerre. Le principe de ces voyageurs atypiques: ils ne font jamais de réservation, pour se garder le maximum de mobilité. Résultat: chaque hiver, ils ne savent jamais où la route les mènera. «Si on ne trouve pas d'emplacement pour la nuit, on s'installe dans une halte routière ou dans le stationnement d'un Walmart. On n'a jamais eu de problème de sécurité», raconte-t-il au téléphone, d'un camping près d'Orlando, en Floride. Pourquoi vivre comme des nomades? «Chez moi, l'envie de voyager est viscérale. Dès qu'il me pousse des racines, je pars», dit ce père de deux grands enfants. Le couple apprécie l'esprit de camaraderie dans les campings, le confort d'un VR et le coût relativement peu élevé de ce mode de vie.