On a tendance à croire que les gens en général et les jeunes en particulier lisent de moins en moins. Or, la plus récente Enquête sur les pratiques culturelles au Québec (EPC) indique que, globalement, le nombre de lecteurs québécois est en hausse sur les différents supports (livres, quotidiens, magazines, hebdos régionaux). Voici quelques statistiques provenant de cette enquête publiée tous les cinq ans.

Quotidiens et sites de nouvelles: 86%

Au cours des 10 dernières années, la lecture des quotidiens et des sites de nouvelles a fait un bond de 13 %, passant de 73 % en 2004 à 86 % en 2014. Les auteurs de l'étude attribuent notamment cette hausse à la lecture de nouvelles en ligne. Selon Benoît Melançon, directeur du département des littératures de langue française de l'Université de Montréal, ces données démontrent que la lecture est diversifiée et qu'elle se pratique sur différents supports. « On a parfois l'impression que l'internet a contribué à la baisse de la lecture, dit-il, mais en réalité, grâce à l'internet, les gens lisent globalement de plus en plus. » Il s'agit de la seule catégorie dans laquelle les hommes lisent plus que les femmes (5 % de plus).

Journaux imprimés: 57%

On a souvent évoqué la baisse constante de lectorat dans les journaux imprimés. Or, les données de l'EPC indiquent que plus de la moitié de la population québécoise (57 %) lit des quotidiens imprimés « au moins une fois par semaine ». « L'enquête a été menée en 2014, relève Benoît Melançon, donc c'est sûr qu'aujourd'hui les données seraient différentes, ne serait-ce que parce que La Presse ne publie plus de journal en semaine... Les transformations depuis 2014 en matière d'offre numérique sont extrêmement rapides. » Autre donnée intéressante, 45 % des Québécois disent lire les journaux gratuits, contre 39 % pour les journaux payants.

Magazines et revues: 73%

La lecture de magazines et de revues est demeurée stable avec 73 % de lecteurs réguliers lisant « au moins une fois par mois ». On remarque sans surprise que les femmes lisent plus de magazines - en format papier ou numérique - que les hommes (13 % de plus). « Pour toutes sortes de raisons, les femmes lisent plus que les hommes depuis le XIXe siècle, nous dit Benoît Melançon, qui a notamment publié le livre Le niveau baisse - et autres idées reçues sur la langue. C'est vrai pour les magazines, mais ce l'est encore plus pour les livres. » Le lectorat, lui, augmente en fonction de la scolarité et du revenu, beaucoup plus que dans les autres catégories de l'enquête. Mais il tend aussi à diminuer avec l'âge.

Livres: 80%

C'est le livre qui compte la plus forte proportion de lecteurs au Québec, même si l'étude ne semble pas avoir tenu compte des analphabètes. Parmi ces lecteurs, 59 % lisent au moins une fois par mois. Les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à lire des livres (67 % contre 49 %). Et les anglophones lisent plus que les francophones (69 % contre 57 %). Depuis 10 ans, les Québécois lisent 3 livres de moins par année (de 19 à 16). « C'est quand même inquiétant, estime Benoît Melançon, même si c'est moins catastrophique que ce qu'on entend. J'aurais quand même aimé savoir si cette baisse du nombre de livres est une tendance québécoise, canadienne ou occidentale. » Le groupe des 15 à 24 ans est celui qui lit le plus de livres (67 %), une donnée intéressante puisque cette statistique exclut les lectures scolaires obligatoires. « Ça veut quand même dire qu'il y a une relève de lecteurs, même si la variété des supports joue un rôle évident », évalue M. Melançon.

Bibliothèques: 56%



Depuis la fin des années 90, ce pourcentage est en hausse constante. Elle est attribuable entre autres à l'accès internet gratuit et aux nouveaux services offerts (prêts de livres numériques, liseuses, DVD, jeux vidéo, etc.). Dans certaines bibliothèques, des aires ont également été aménagées pour que les gens puissent parler. « Là encore, par contre, ce serait intéressant de faire la comparaison avec le reste du Canada, qui historiquement fréquente plus les bibliothèques, analyse Benoît Melançon. L'autre élément, c'est que l'étude parle de "documents consultés", ce qui veut dire que les gens consultent peut-être des DVD et non des livres. Il n'y a donc peut-être pas de corrélation entre la lecture et la fréquentation des bibliothèques. » Par ailleurs, l'achat de livres en magasin (44 %) demeure plus populaire que l'emprunt à la bibliothèque (30 %).

Source : Enquête sur les pratiques culturelles au Québec, menée par le ministère de la Culture et des Communications. L'étude a été menée en 2014 auprès de 6765 répondants âgés de 15 ans et plus.