Je ne sais pas si l'on peut parler d'une mode, mais de plus en plus de restaurants montréalais offrent le «Sunday Roast», cette assiette de viande traditionnellement servie en Grande-Bretagne et en Irlande. Le dimanche.

En fait, aujourd'hui on peut trouver ce «rôti du dimanche» un peu tous les jours, mais ce repas s'appelle ainsi parce qu'il est depuis toujours servi après la messe dans les îles britanniques, le midi ou le soir. On parle d'une assiette copieuse de viande et de toutes sortes d'accompagnements. Le genre de plat généreux autour duquel on réunit la famille, au moins une fois par semaine.

À Montréal, ce repas du dimanche est maintenant repris par quelques établissements qui embrassent avec modernité les traditions anglo-saxonnes, comme Maison publique ou la Taverne du Square Dominion.

On a commencé aussi à servir le «Sunday Roast» chez Sparrow, ce bar-restaurant façon pub du Mile End, connu pour ses brunchs aussi, qui a été l'un des premiers à lancer à Montréal cette vague de réappropriation des traditions «british».

En 2009, quand il a ouvert sur le boulevard Saint-Laurent, avec ses boiseries sombres et son papier peint façon Laura Ashley, il était l'un des rares à utiliser de la porcelaine anglaise antique à fleurs et à proposer dans un tel contexte du fish'n chips à déguster avec une tasse d'Earl Grey ou de café filtre.

Six ans plus tard, Sparrow continue de s'inscrire dans le paysage montréalais comme une sorte de petite enclave britannico-chic. Le décor rappelle toujours les pubs anglais de campagne et le dimanche, donc, on y sert le fameux «Sunday Roast».

Comme si on allait manger chez ses parents, on n'a pas le choix du menu. Ou peu de choix. Il y a l'option viande et l'option végétarienne. Un seul dessert est à la carte. C'est tout. Même pas d'entrée sous forme de soupe ou de salade.

Peu importe.

Le repas est copieux. Réconfortant.

L'assiette traditionnelle ne réinvente rien.

On sert une bonne portion de viande rôtie: de la côte de boeuf très saignante, savoureuse. Le tout est accompagné de légumes qui sont tous, contrairement à la légende sur la cuisine britannique, bien croquants. Il y a des rabioles, des carottes, des haricots verts, du panais. Pour ponctuer le tout d'un peu d'acidité poivrée, on dépose dans l'assiette une substantielle louchée de crème de raifort, le condiment architraditionnel pour accompagner cette viande.

Évidemment, l'assiette est complétée par une immense pomme de terre rôtie au four, classique, qui rendra heureux tous les amateurs de ce tubercule.

Et, pour terminer le tout, on coiffe l'assiette d'un «Yorkshire pudding» aussi volumineux qu'aérien. Contrairement à ce que le nom pourrait nous laisser croire en français, il ne s'agit nullement d'une crème onctueuse, mais bien d'une pâtisserie salée, faite avec une pâte légère qui gonfle à la cuisson. Dans la version classique, on dépose la pâte à cuire sur la même lèchefrite que la viande, histoire de s'assurer que ces créations absorbent le jus du rôti. C'est d'ailleurs pourquoi on n'en dépose pas sur l'assiette du plat végétarien, le bourguignon de champignons, proposé par le Sparrow les soirs de «Sunday Roast».

D'ailleurs, si vous croyez que cette option est la version allégée du rôti, détrompez-vous. Ce bourguignon est costaud et hautement roboratif.

Les champignons, une combinaison de différents types de pleurotes, cèpes et trompettes de la mort, à la fois tendres et charnus, offrent une texture parfaite et sont doucement liés par une riche sauce brune à base du jus de champignons.

À côté de ce plat que l'on dévore aisément, des mini-rabioles, carottes, pommes de terre et haricots verts encore croquants, comme pour le plat de viande, donnent à l'assiette son air traditionnel.

Pas du tout besoin d'être végétarien pour l'apprécier, cela dit, si c'est le cas, je conseille aux carnivores de demander un Yorkshire pudding pour compléter le tout, au lieu de la tranche de pain de campagne grillée offerte avec le plat. Elle est bonne, mais pas aussi sympathique.

Au dessert, il n'y a qu'une option: les gâteaux aux dattes caramélisés, cuits individuellement, légèrement croustillants à l'extérieur et moelleux à l'intérieur. J'aurais dégusté le mien avec encore plus de caramel, je l'avoue, mais j'ai été ravie par la généreuse quenelle de crème fraîche fouettée, non sucrée, qui lui sert de contrepoint. L'acidité et la fraîcheur qu'elle apporte pour équilibrer ce dessert sont impeccables.

Bref, un court menu qui vise juste pour un petit voyage rassembleur en famille dans les îles britanniques, sans sortir de notre île.

The Sparrow

5322, boulevard Saint-Laurent

Montréal

514 507-1642

> Prix: 21$ par personne pour le rôti du dimanche et 17$ par personne pour la version végétarienne, soit le ragoût aux champignons. Desserts 5$.

> Carte de vins: Belle carte de vins remplie de crus - dont plusieurs naturels - choisis pour leur qualité et leurs prix raisonnables. Comme c'est un bar, il y a aussi de nombreuses options de cocktails.

> Service: Gentil, efficace.

> Atmosphère: On est dans un lieu chaleureux, qui tient à faire écho aux pubs anglo-saxons. On est au coeur du Mile End, donc le rendez-vous des gens du quartier, plutôt hipsters sympathiques. Trame sonore relax du dimanche soir.

(+) Une belle assiette copieuse, avec du bon vin, dans une ambiance conviviale, pour un dimanche soir réconfortant.

(-) On aimerait peut-être un tout petit peu plus de variété sur le menu. Peut-être une salade verte en entrée? Quelques crudités?

On y retourne? Oui.