La réglementation canadienne en matière de beauté serait parmi les plus sévères de la planète. C'est du moins ce que scandent la majorité des fabricants de cosmétiques, qui disent devoir montrer patte blanche devant Santé Canada dès qu'ils lancent un nouveau soin de beauté. Pire encore, quand celui-ci contient un filtre UV. Or, une faille dans le règlement canadien sur les cosmétiques leur permet pourtant d'utiliser - sur les étiquettes - le simple terme générique de «parfum» pour qualifier tout ingrédient d'une formule visant à produire ou masquer une odeur.

Au printemps 2010, par l'entremise d'un sondage visant à faire la lumière sur le contenu de nos petits pots, la Fondation David Suzuki s'interrogeait sur les dangers associés à une telle permissivité. Selon elle, quelque 3000 produits chimiques entreraient dans la composition des fragrances, dont plusieurs sont irritants, allergènes, voire toxiques, pour la santé ou l'environnement.

Aujourd'hui, la Fondation remet ça en publiant le rapport Échec à vue de nez. «Des 42 fabricants auxquels nous avons adressé une demande de renseignements, 34 ont répondu, mais aucun ne nous a fourni une liste complète des produits chimiques utilisés», déclare Lisa Gue, analyste des politiques de santé environnementale à la Fondation David Suzuki. Parmi les raisons invoquées par les marques de beauté pour laisser planer le mystère, notons entre autres la confidentialité, le secret commercial, ou l'ignorance de la composition chimique exacte des parfums, du fait qu'ils proviennent souvent de fournisseurs extérieurs.

La Fondation David Suzuki plaide donc pour plus de transparence. «Les Canadiens ne devraient pas avoir besoin d'une requête de leur médecin pour connaître les agents chimiques contenus dans leurs produits d'hygiène et de beauté», indique le rapport. Minimalement, la Fondation souhaite que la liste complète des ingrédients de fragrance soit disponible en ligne et sur demande, si ce n'est directement sur l'emballage. Elle enjoint d'ailleurs la population canadienne à signer une pétition en ce sens, via son site web.

Certains pays ont d'ailleurs déjà fait bouger les choses. Ainsi, l'Union européenne a identifié 26 ingrédients contenus dans les fragrances qui sont susceptibles de provoquer des réactions cutanées. Depuis, elle oblige les fabricants qui vendent leurs produits d'hygiène sur son territoire à nommer ces allergènes de contact sur leurs étiquettes.

Info: www.davidsuzuki.org