Ce n'est sans doute pas un hasard si les sacs à main signés Arashi Yanagawa ressemblent à des punching-ball: avant d'officier dans le milieu de la mode, le styliste japonais était boxeur professionnel.

Les accessoires en cuir, noir, jaune, rouge et vert, matière et couleurs appréciées du créateur, reposent sur un petit établi du studio de Hackney, un quartier branché de Londres, où Arashi Yanagawa prépare son défilé présenté lundi pendant la Fashion Week.

Il y a des collections entières de vêtements posés sur des cintres. Le téléphone sonne sans arrêt, l'équipe du styliste se démène pour régler les derniers détails avant le premier grand rendez-vous de l'année de la mode masculine.

À 41 ans, le Japonais au parcours atypique est à la tête de la marque «John Lawrence Sullivan», lancée en 2003 et opportunément baptisée du nom d'un légendaire boxeur américain du XIXe siècle considéré comme le premier champion du monde poids lourd de l'ère moderne.

Signe que la boxe fait toujours partie de la vie du créateur.

D'une passion à l'autre

«C'est mon père qui m'a poussé dans ma carrière de boxeur», explique à l'AFP Arashi Yanagawa, affable et souriant, vêtu d'une veste à motifs camouflage, d'un pantalon en cuir vert foncé et d'une casquette noire.

Pendant 13 ans, Arashi enchaîne les crochets, jabs, croisés et autres uppercuts sur les rings, avant de raccrocher les gants. Et de passer au dé à coudre.

«J'avais l'impression d'avoir atteint un objectif, d'être prêt pour un nouveau défi», raconte-t-il.

«Et depuis mon enfance, j'ai toujours cultivé une autre passion, la mode. Je sentais que je devais désormais me tourner dans cette direction».

Passer d'un sport de combat à la création artistique... pas forcément très naturel, ni très facile, se souvient-il.

«Quand j'ai commencé, la plus grande difficulté a été de découvrir les bons fournisseurs de tissus avec qui travailler. Quand vous êtes nouveau dans le métier, il est très important de trouver les personnes avec qui vous aurez une bonne alchimie, à qui vous pouvez faire confiance et qui peuvent répondre aux besoins de votre marque», dit-il.

Pour réussir dans ce milieu ultra-concurrentiel qui ne souffre guère l'improvisation, Arashi puise dans son expérience de cogneur: «travailler dur, persévérer».

Après quelques années, il finit par se faire un nom à Tokyo et en 2008 le journal spécialisé The Business of Fashion place sa griffe à «l'avant-garde d'un groupe de jeunes marques (japonaises) prometteuses de prêt-à-porter masculin».

Aujourd'hui, le créateur dispose de trois boutiques au Japon et ambitionne d'en ouvrir à l'étranger.

Énergie et élégance

Son style? Un mélange de classicisme et d'audace, une passion pour le cuir, des lignes modernes, à la fois fluides et viriles... finalement, la boxe n'est jamais très loin, et lui-même reconnaît des similitudes entre ces deux mondes qui semblent pourtant évoluer dans des galaxies très éloignées.

«En surface, les deux ont l'air plutôt simples: en boxe, on frappe du droit, du gauche, dans la mode on habille. Mais quand vous poussez un peu plus loin, ça devient bien plus complexe», dit-il.

Dans ces deux disciplines, poursuit-il, «il y a différents styles, techniques, variations (...) Il faut faire preuve de souplesse, apprendre continuellement».

Et quand on lui demande ce qui l'inspire, Arashi Yanagawa répond «David Bowie».

«C'est l'une de mes principales influences, dit-il. Je suis très inspiré par cette génération de musiciens, ils représentent ce que je mets dans mes collections, une expression à l'unisson de l'énergie et de l'élégance».

Énergie et élégance: comme l'histoire d'un boxeur parti à la rencontre de la mode.