Emblème iconique du bon chic, bon genre, le chandail en coton piqué se rebelle contre sa réputation sage et élitiste pour le printemps.

Au travail, en vacances, au resto : le polo n'est désormais plus réservé aux compétitions sportives. Reste qu'il a vu le jour grâce au meilleur tennisman de son temps : Jean René Lacoste.

En 1926, au US Open, l'athlète français se présente à un match vêtu de l'ancêtre de ce qu'on appelle aujourd'hui « polo », la chemise de tennis. Difficile de dire si son nouvel uniforme a quoi que ce soit à voir avec sa victoire - ses adversaires sont affublés de vêtements contraignants en flanelle -, mais il lance alors une nouvelle mode qui privilégie le confort et la performance.

En 1933, nouvellement retraité, il commercialise ce jersey à manches courtes sous l'emblème de La Société Chemise Lacoste. Le succès est immédiat, autant auprès de sa femme, championne de golf, que du reste de l'élite sportive. S'ensuivra la version de Fred Perry, son pendant anglais, et plus récemment, celle de Ralph Lauren. En 1972, ce dernier lance la division Polo Ralph Lauren, composée en grande partie de ce fameux t-shirt boutonné. Un joueur de polo est brodé sur tous les gaminets, qui s'envolent comme des petits pains chauds. Petit à petit, le terme « polo » intègre le lexique populaire.

Dans le classement des tendances printanières 2015, le tricot iconique se qualifie parmi les champions. Les créateurs nagent dans un bain athlétique depuis quelques saisons déjà - le retour du polo était imminent.

Jack McCollough et Lazara Hernandez, le duo derrière la marque new-yorkaise Proenza Schouler, ont offert leur version luxe du jersey. Des insertions de cuir et de python ont ressuscité le jeu du color blocking alors que le coton piqué s'est muté en tricot fait main.

La petite robe noire des sportifs

Chez Fendi, le chandail de sport relevait plutôt des rangs de l'apparat. À quelques reprises, Karl Lagerfeld, directeur artistique de la maison romaine, a remplacé les boutonnières par des fermetures éclair entourées de délicates plaquettes de cuir taillées dans des formes organiques. Il a même octroyé un air de soirée au polo en le transformant en robe ornée de gigantesques broderies d'orchidées.

Les interprétations infinies du chandail confirment qu'il est un basique, d'abord et avant tout, au même titre que la petite robe noire ou que la chemise blanche. Il se modèle aux envies du moment comme un canevas vierge. Agencez-le à une jupe en cuir à plis et des lunettes soleil en acétate pour créer une nouvelle version de ses débuts sur le court de tennis. Autrement, sa version robe lui insuffle un air de nouveauté, spécialement accessoirisé à des flâneurs aux lignes sportives. Amusez-vous, tous les coups sont permis.

Photo fournie par KQK

Polo en rayonne de bambou, KQK, 130 $.