Les longues silhouettes élégantes de Ralph Lauren, en fourrure, cachemires, toques et grands chapeaux, ont réchauffé jeudi l'hiver glacial new-yorkais, avant Calvin Klein et Marc Jacobs, qui devaient en soirée mettre un point final à la Fashion Week.

Comme à son habitude, Ralph Lauren, toujours très couru, offrait deux défilés identiques à une heure d'intervalle, au même endroit dans Greenwich village.

En pantalon camouflage, col roulé noir et blouson à capuche, le rappeur Kanye West a fait sensation, pris d'assaut par les photographes quand il est arrivé au premier rang de ces défilés au classicisme glamour toujours hyper-élégant.

«Il m'a demandé de venir, je l'avais déjà rencontré et j'étais content de l'avoir», a ensuite expliqué Ralph Lauren, 75 ans, à l'AFP.

Le créateur a ajouté en coulisses que sa nouvelle collection automne-hiver 2015 était pour lui «très sexy».

Pour la journée, la femme Ralph Lauren, aventurière glamour, porte un long pull en cachemire marron glacé sur une jupe de soie rebrodée de plumes, un grand châle à très longues franges en cachemire sur un pull col roulé et pantalon large assorti, un pantalon de daim avec blouson shearling rebrodé de brillants, et porte parfois un grand chapeau en feutre, ou une énorme toque de trappeur.

Les tons sont doux, les ensembles unicolores, taupe, marron glacé, fougère, ivoire.

Et le soir, elle porte des robes dos nu scintillantes, ou va puiser dans le vestiaire masculin un costume noir, une chemise blanche et noeud papillon noir.

Beaucoup de fourrures somptueuses aussi, en manchons, toques, minicapes et vestes en patchwork. Dans ses notes de collection, Ralph Lauren a pris soin de préciser qu'il s'agit entièrement de fausse fourrure.

À l'issue du défilé, le créateur a été applaudi par une salle entière debout, en ce qui est une tradition unique à la Fashion Week.

Calvin Klein devait lui succéder dans l'après-midi, avant J. Mendel et Marc Jacobs, tard le soir, mettant un terme à une semaine trépidante de quelque 350 défilés et présentations.

TENDANCES 

Tweeds richement colorés, années 70 avec leurs pantalons larges, leurs imprimés fleuris et leur côté hippy, beaucoup de fourrure, colorée, vraie ou fausse, de cachemires confortables, de nombreuses tendances ont émergé durant ce marathon infernal.

Les manteaux sont longs et confortables, les silhouettes s'allongent et osent les chaussures plates. Et comme toujours à New York, le sportswear, urbain et sophistiqué, est très présent.

PAGE D'HISTOIRE

Avec la fin de ces défilés automne-hiver 2015, la Fashion Week de New York tourne une page de son histoire.

Les tentes du Lincoln Center, son coeur malade, qui ne battait plus que faiblement, vont être démontées pour la dernière fois. Après cinq ans, le bail n'en a pas été renouvelé, suite à un conflit avec les défenseurs du parc sur lequel elles s'installaient, et qui dénonçaient les dégâts causés aux plantations. Elles avaient de toute façon été désertées par les trois quarts des designers, qui n'aimaient pas leur atmosphère fébrile et publicitaire.

La Fashion Week va devoir trouver un nouveau havre dès la saison prochaine. Aucun lieu officiel n'a été annoncé, mais elle devrait se déplacer, au moins pour les deux années qui viennent plus au sud, à SoHo ou Chelsea, là où se déroulent déjà de nombreux défilés ou présentations.

CHANGER ? 

Mais le rythme va-t-il pour autant diminuer ?

Des dizaines de présentations et défilés ont lieu tous les jours. Parfois sept au même moment, en des endroits différents, éparpillés dans Manhattan, un cauchemar pour les acheteurs, fashionistas et journalistes.

Comment choisir, où aller, comment repérer les nouveaux talents ?

«Tout est dilué» estime Patricia Meads, directrice adjointe du prestigieux Fashion Institute of Technology et historienne de la mode qui regrette une «surexposition et un manque de leadership» qui selon elle «nuit au secteur de la mode».

New York, pour autant, ne saurait bouder son plaisir: désordonnée et épuisante, la semaine de la mode new-yorkaise a un impact économique annuel de quelque 900 millions de dollars, plus que le marathon de New York, le Super Bowl ou l'US Open de tennis.

Et plus de 230 000 personnes participent aux défilés de février et septembre, selon une récente étude de la New York City Economic Development Corporation.