Après Milan, les défilés homme pour l'hiver prochain ont démarré mercredi à Paris, avec de multiples versions du costume chez Valentino et Carven, et le style toujours coloré et déjanté de Walter Von Beirendonck.

Valentino ou la couture au service de la mode masculine

Les mannequins ont défilé sur des kilims, ces tapis orientaux très colorés aux formes géométriques. Motifs que l'on retrouve, comme un reflet, sur plusieurs manteaux ou vestes, mais dans des couleurs plus hivernales avec gris et beige. Les manteaux Valentino, en cachemire, créés dans les ateliers de la maison, se portent oversize, pour un confort maximum.

Les deux créateurs Maria Grazia Chiuri et Pierpaolo Piccioli, qui ont été très applaudis, notamment par l'acteur Will Smith, au premier rang, donnent l'impression de pouvoir interpréter le costume à l'infini. Il se porte avec de grosses baskets blanches. Tout en reprenant les très classiques rayures tennis, un costume bleu marine prend une allure très décontractée avec une coupe pyjama : les épaules tombent, la veste se ferme avec quatre boutons jusqu'en bas du cou. Un autre costume porte des motifs camouflage. D'autres pièces retiennent encore l'attention : une longue cape très élégante, une combinaison pétrole près du corps, un blouson rock qui mélange cuir et longs poils bruns.

Les créateurs se sont appuyés une nouvelle fois sur leurs ateliers. Chez Valentino, la couture n'est «jamais exhibée, mais toujours évidente aux yeux de ceux qui savent et veulent savoir», souligne la maison dans une note aux invités.

Carven dépareille le costume

Guillaume Henry a imaginé «l'homme Carven en balade, la nuit», dans une ambiance «Chicago, dans les années 30 ou 40». Les mannequins défilent autour de deux billards, dans des looks sombres et «twistés»: «On dépareille le costume», explique le styliste. Un blouson casual est ainsi porté avec un pantalon à pince. Pour éviter une silhouette trop sérieuse, on met des chaussures à semelles épaisses, très modernes. Les vestes de costume sont plus courtes que les classiques, tout comme les pantalons qui s'arrêtent souvent à la cheville. Guillaume Henry parle de «proportions perchées», «moins agressives». Le créateur ose le costume en velours. Le duffle-coat est un incontournable du vestiaire pour l'hiver prochain, chez Carven comme dans plusieurs autres maisons. Et si la plupart des looks sont unis, Carven propose aussi de l'écossais, déjà très vu sur les podiums milanais. Enfin, quelques pièces portent un imprimé assez enfantin, comme des graffitis en noir et blanc, qui rajeunit avec succès l'ensemble.

Walter Van Beirendonck en couleurs et rayures

Le styliste belge inclassable, l'un des «Six d'Anvers», la géniale promotion 1981 de l'Académie royale des Beaux-Arts avec Ann Demeulemeester et Dries Van Noten, reste fidèle à son style «art wear» très coloré, toujours déjanté et à l'avant-garde. Les rayures larges s'imposent sur les vestes et les pantalons, parfois remplacés par des leggings de ville aux motifs géométriques. Pour lutter contre le froid, Van Beirendonck propose de superposer éventuellement un bermuda en fourrure. Présentée à la Maison des Métallos, haut lieu du syndicalisme français, la collection automne-hiver, sous le signe de la lutte contre le racisme, remet en scène le poncho et surtout - et encore! - le duffle-coat. Van Beirendonck le déstructure légèrement en le transformant en cape. Côté accessoires, les baskets hautes se décorent de mâchoires de crocodiles et le styliste belge propose de nouveaux couvre-chefs en feutre, reprenant la forme du casque de soldat.