Entre les mariées punks de Simone Rocha et les nuisettes à fourrure de Ryan Lo, la Fashion Week de Londres s'est achevée mardi sur une note juvénile, portée par la nouvelle génération de créateurs.

C'est dans les étendues sauvages du Connemara de son Irlande natale que Simone Rocha a trouvé l'inspiration pour une collection teintée de religiosité.

Le noir du deuil, le blanc du mariage et de la communion dominent la palette, tandis que les chignons-iroquois donnent un côté punk aux silhouettes.

Des rangées de perles blanches viennent orner l'encolure stricte d'un manteau noir, ou des mi-bas que laissent voir des jupes évasées s'arrêtant au genou.

Plusieurs mariées s'avancent le visage couvert d'un voile en tulle couleur chair, qui recouvre leurs épaules et s'attache dans un noeud emprisonnant les deux bras.

Dans un mix romantico-rock, la dentelle se mêle au plastique pour un ensemble transparent jupe/veste.

«Je voulais que la fille (de cette collection) soit cette année davantage quelqu'un qui me corresponde, avec la coiffure un peu punk et la peau au naturel, j'ai combiné les éléments pour en faire quelqu'un d'assez juvénile», a commenté en coulisses la styliste dont le père, John Rocha, est lui aussi un créateur, habitué de la Fashion Week londonienne.

Née en 1986, diplômée de l'école Central Saint Martins, Simone Rocha a commencé à présenter ses propres défilés à la Semaine de la mode de Londres en septembre 2011.

Plateforme pour les jeunes talents, le défilé Fashion East a livré mardi une vision du printemps-été 2014 pleine de fraîcheur et d'humour.

Équipée d'un serre-tête à oreilles et d'une queue de fourrure, la fille imaginée par Ryan Lo est directement inspirée des figurines animales enfantines des Sylvanian Families: renard, lapin et chien se succèdent sur le podium.

La robe de princesse et sa profusion de volants de tulle rose, blanc et vert anis se portent avec le museau bien maquillé. Les oreilles blanches duveteuses agrémentent une tenue tout aussi immaculée. Et pour mettre en valeur une veste à froufrous rose et rouge, rien de tel que des yeux charbonneux de panda.

Dans cet univers enfantin, le créateur originaire de Hong Kong n'a pas oublié les sucreries: manteau rayé rose et blanc tel un gros berlingot, fraises imprimées sur un pull, cerises en relief...

La jeunesse est reine aussi chez Ashley Williams, pour un été version plage américaine des années 1980.

Orange, bleu et blanc prédominent, comme sur le motif récurrent de hors-bord qui imprime une combinaison-pantalon fluide au profond décolleté, un chemisier, une mini-robe à une bretelle.

Ou encore un maillot de bain une pièce qui se dévoile sous une longue veste grise droite. Un sombrero jaune vif vient pimenter la sobriété d'une robe droite à encolure carrée, dans cette collection qui fait aussi la part belle au denim.

Après une soixantaine de défilés étalés sur cinq jours, la Fashion Week de Londres passe le relais mercredi à Milan.

PHOTO SUZANNE PLUNKETT, AFP

Simone Rocha

La semaine de la mode à Milan débute sous le signe du renouveau

Les projecteurs s'allument mercredi sur les podiums milanais dans un climat d'effervescence, avec un intense programme pour permettre à Milan de reconquérir sa place de capitale de la mode, un secteur très porteur malgré la crise.

Événements spéciaux, fêtes, prestigieux palais ouverts aux défilés, initiatives culturelles, sans oublier plus d'une dizaine de boutiques s'apprêtant à ouvrir leurs portes dans le quadrilatère du luxe milanais... L'atmosphère est survoltée dans la capitale lombarde à la veille des défilés, qui se tiendront du 18 au 23 septembre pour les collections de prêt-à-porter féminin du printemps/été 2014.

Au programme, plus de 130 collections avec 74 défilés et quelque 70 présentations ainsi que de nombreux événements parallèles et soirées spéciales: du gala exclusif organisé par la ville de Milan avec Vogue à la Scala mercredi soir en ouverture, à la grande fête «mode et tango», ouverte au public, qui clôturera les festivités.

Organisateurs et institutions locales espèrent relancer la ville comme plateforme incontournable de la mode mondiale, l'objectif étant d'attirer les riches acheteurs internationaux afin de compenser une crise de la consommation sans précédent sur le marché domestique.

En témoigne la participation exceptionnelle du maire de Milan, Giuliano Pisapia, à la conférence de presse de présentation de la «fashion week», la semaine dernière à la mairie. «La semaine de la mode de septembre 2012 a généré un retour de 28 millions d'euros pour Milan avec d'importantes retombées pour l'hôtellerie, la restauration et le commerce», a rappelé le maire, tout en souhaitant que «cette nouvelle édition donne un nouvel élan à la ville en cette période difficile».

En plus de la soirée à la Scala, la ville mettra à disposition des stylistes quelques-uns de ses plus beaux monuments, tel le Palazzo Reale qui accueillera les défilés de quatre jeunes créateurs émergents. Pour la première fois, l'historique galerie Vittorio Emanuele, superbe passage commerçant reliant le Dôme à la Scala, servira de cadre à un défilé, pour l'ouverture du salon international du textile Milano Unica le 10 septembre.

L'association, qui réunit près de 140 marques et maisons de mode, a renouvelé son conseil de direction en mai dernier en cooptant de grands noms du Made in Italy, tels les patrons de Prada et Tod's, Patrizio Bertelli et Diego Della Valle ou encore Angela Missoni et Ermenegildo Zegna. Elle va par ailleurs notablement rehausser son budget (+300%), qui passera à partir de 2014 de 1,5 million d'euros aujourd'hui à 4,7 millions, ce qui devrait lui permettre d'organiser plus d'événements durant les «fashion week».

L'objectif est de regagner du terrain face à des concurrents plus chevronnés tels Paris ou Londres. La mode italienne regroupe près de 70 000 entreprises actives dans le textile, l'habillement, la maroquinerie et la chaussure, et emploie 640 000 personnes. Selon les prévisions de la Chambre de la mode, le chiffre d'affaires réalisé par l'ensemble de la filière devrait atteindre 58,8 milliards d'euros. Les ventes à l'export devraient s'élever à 45 milliards d'euros, avec un excédent de la balance commerciale de 19 milliards.

«Une reprise est attendue pour 2014, mais elle sera principalement tirée par nos exportations, qui ont déjà contrebalancé cette année la chute persistante de la demande interne», souligne Mario Boselli. D'où l'importance de marquer un grand coup durant cette semaine de la mode en redorant le blason de Milan.