« Le style, c'est le chic savamment négligé de Charlotte Gainsbourg, la mèche de cheveux et les lunettes de Xavier Dolan, Monia Chokri fumant une cigarette dans Les Amours imaginaires sur l'air de Bang Bang de Dalida, les cheveux courts de Jean Seberg dans À bout de souffle, le trench de Jeanne Moreau déambulant dans les rues de Paris dans Ascenseur pour l'échafaud, la trompette feutrée de Miles Davis, la répartie d'Oscar Wilde à ses procès, le snob "suaire de Chez Dior" de Boris Vian, l'humour caustique de Dorothy Parker, Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi, Audrey Hepburn chez Tiffany, Marcello Mastroianni en smoking, les verres fumés de Jackie O et les ballerines de Bardot, la baguette à bicyclette et la cigarette après l'amour (quand c'était encore chic de fumer), la beauté fulgurante de Monica Vitti dans L'Éclipse d'Antonioni, Tilda Swinton dans I am Love, Maggie Cheung dans In the Mood for Love, le pull à paillettes de Rufus Wainwright, la flamboyance de Jean-Paul Daoust, le pantalon de cuir et le torse nu de Jim Morrison, la voix chaude et le fedora de Leonard Cohen, le regard rieur de Fanny Mallette et le sourire ravageur de Bénédicte Décary.

Le style c'est un je ne sais quoi, un brin d'humour et de désinvolture, du panache et de l'assurance, du flair et de l'anticonformisme, une touche de narcissisme et l'autre d'exhibitionnisme. À la fois dans l'air du temps et indémodable, rendant joyeux ce qui serait morne, le style est, comment dire, totalement inutile mais absolument nécessaire.