Sauvage chez Fendi, royale chez Prada, militaire chez Max Mara, cavalière chez Ermanno Scervino... La femme esquissée par les couturiers milanais en ce deuxième jour des défilés de prêt-à-porter pour l'hiver prochain dévoile toute la force de son caractère.

Chez Fendi, Karl Lagerfeld signe une collection époustouflante, que ce soit dans les coupes magistrales ou le vertigineux travail des matières, mêlant avec brio fourrures luxueuses, laine feutrée ou bouillie, cachemire doublé de peau, jersey vitrifié ou encore galuchat, cette peau de raie ou de requin dont le motif granuleux est repris sur les accessoires et dans les imprimés.

Sorties du fin fond d'une forêt, les mannequins aux multi-nattes éclairent en une fraction de seconde le podium de leur énergie. Juchées sur des bottines Belle Époque à boutons ou lacets croisés, elles affichent un imposant ceinturon médiéval, une lourde étole de fourrure couvrant leurs épaules.

Leurs collants «reptiles» faussement troués ajoutent à ce look sauvage, renforcé encore par des maxi-manteaux en longs poils de chèvre colorés, décorés par les dessins archaïques d'une mosaïque en vison.

Leurs robes, en crocodile ou agneau nappa, coupées au laser, sont zippées en leur centre comme fendues verticalement par un coup de couteau. Des strates de peaux aux bords francs, superposées, font office de jupes. Une robe en peau d'antilope leur donne une allure de squaw.

Toute autre ambiance chez Prada: les sourcils charbonneux, le visage pâle entouré d'une blonde chevelure virant soudain à l'ébène, oscillant sur de hauts talons dans des manteaux chasuble noirs, les modèles ont un côté spectral.

Mais la marche funèbre se transforme vite en parade, une cascade de pierres précieuses, cristaux, perles baguette et autre cabochons géants venant illuminer ces tenues aux coupes ultra simples.

Des strass ourlent les pantalons courts évasés à la cheville. Paillettes étincelantes et incrustations métalliques anoblissent les cols et les poitrines des manteaux-tuniques sans manches, tandis que de gros losanges cristallins bordent les longs pans des jupes-portefeuille.

La collection se décline sur le même mode dans des imprimés géométriques très «Prada» un brin psychédéliques aux teintes vives et joyeuses: orange vif, jaune, vert, rose et mauve.

Max Mara opte pour un look radicalement androgyne, s'inspirant de l'univers militaire avec des combinaisons d'aviateur ou des combishorts en loden kaki et de longues capotes dans des laines pesantes, le manteau dans des matières précieuses (laine camel ou crêpe, mohair, cachemire) demeurant la pièce forte de la marque.

La maison puise largement aussi dans l'atmosphère brumeuse et virile des ports pour concocter un look de marin troublant avec casquette, pantalons retroussés aux mollets retenus par une paire de bretelles sur un tricot à rayures avec un somptueux caban.

Pour accentuer ce côté masculin, la ceinture en cuir à boucle est utilisée comme un leitmotiv dans les martingales des manteaux, au bord des manches ou pour refermer les guêtres, omniprésentes, qui peaufinent ce genre martial.

Plus féminin, le look d'Ermanno Scervino pioche lui aussi dans l'univers militaire avec des robes et vestes en laine bouillies kaki, tout en explorant le monde de l'équitation. Les pantalons jodhpurs blancs, enfilés dans des bottes en cuir noir à talons aiguilles, se portent avec des vestes redingote d'écuyère en velours, sans oublier la bombe sur la tête.

L'aristocratie anglaise semble au rendez-vous avec des ensembles en flanelle, tweed et tissu pied-de-coq et des robes sculptées tout en volume ou évasées façon tulipe, portées sous de jolis petits manteaux bien sages, les cheveux retenus en chignons par un noeud aux rubans de velours virevoltants.

Notre lady s'encanaille néanmoins avec des micro-shorts et d'interminables cuissardes.