Philippe Dubuc a choisi le Théâtre National pour la séance de photos de sa collection printemps-été pour homme de Philippe Dubuc, à laquelle nous avons assisté en exclusivité. Minimalisme, simplicité et chic extrême seront les mots d'ordre des beaux jours.

En poussant la porte du théâtre, on pénètre au coeur de ce qui nourrit la créativité du designer québécois. «L'arrière-scène, toute la mécanique habituellement cachée au grand public, ces fils, ces branchements, ces rouages, le côté industriel... m'ont toujours fasciné et inspiré», explique Philippe Dubuc, entre deux clichés pris par le photographe Martin Rondeau.

Une fumée épaisse et blanche s'échappe un peu partout sur la scène (comme dans un concert rock), auréolant de succès le jeune mannequin Taras Koltun, égérie de cette collection intitulée Les hommes de l'avant-scène. Avec sa gueule à la James Dean, le jeune Ontarien, repéré par Dubuc, porte un costume ajusté couleur gris béton, en lin enduit, totalement atypique et rock, parfaite signature de ce que le designer aime créer.

«Je dois vous avouer que plus le temps passe et plus j'aime déconstruire le côté rigoureux de mes débuts», dit le designer. Et comme pour appuyer son propos, Philippe Dubuc retrousse l'une des manches de ses deux t-shirts noirs superposés qu'il porte avec un pantalon, à la fois chic et décontracté. D'un bond, il rejoint le mannequin, ajuste un pli, lisse le bas de son pantalon, replace une mèche de cheveux du mannequin, au regard à la fois amusé et concentré. Ici, sous des airs de désinvolture, rien n'est laissé au hasard. La perfection se travaille à chaque instant.

«Une séance de photo, c'est la partie émergée et glamour de l'iceberg. Mais avant cela, il y a des mois de création, de fabrication et de production. C'est un long processus au cours duquel chaque étape est importante», glisse Marie-Claude Gravel, associée de Philippe Dubuc.

Revenons-en à cette collection: à la fois minimaliste, simple et chic, elle s'affiche également rock, comme en témoignent cette réinterprétation de la veste perfecto en toile ou de la saharienne, sans oublier ce blouson d'inspiration «officier» travaillé avec des galons, ou encore ce pantalon à la fourche abaissée. Voilà autant de classiques revisités dans des tonalités de gris, de kaki, de sable, de ces teintes qui semblent le plus souvent salies.

On trouve aussi bien sûr les costumes parfaitement coupés, les fameuses chemises ajustées, l'un des meilleurs vendeurs de la maison, travaillé dans un tissu froissé pour l'un des nouveaux modèles de la saison.

Côté matières, le designer ne cesse d'explorer les tissus enduits (tels le lin et le coton), qui semblent huilés ou craquants comme du papier. Quant aux t-shirts, ils arborent un aspect hyper léger, lorsqu'ils ne sont pas carrément ajourés dans le dos ou ornés d'empiècements trompe-l'oeil.

Autant de petits détails, de subtilités ton sur ton, qui viennent égayer cette garde-robe parfaitement réussie et dans la droite ligne des saisons précédentes. C'est assurément une bonne cuvée Philippe Dubuc. Taras, en témoigne: «Lorsque je passe les vêtements de Philippe, je me sens comme une star.» Un pas, deux pas, il prend la pause, avec de faux airs de Leonardo DiCaprio dans Titanic.

«La mode, c'est aujourd'hui une attitude plus que toute autre chose!» conclut le créateur. Messieurs, à vous de jouer et, surtout, au nom des femmes, lâchez-vous!