Moderniser à tout prix la haute couture et répondre aux attentes des acheteuses (très privilégiées): tels sont les mots d'ordre que semblent s'être donnés la plupart des créateurs aux défilés printemps-été 2011. Alors, fini le faste et les somptueuses robes de bal? Non, pas tout à fait, et c'est même préférable Mais, enfin, la haute couture de l'été semble être en phase avec son temps. Retour sur les moments forts de ces quatre journées.

Une haute couture dans le vent

Karl Lagerfeld pour Chanel pourrait être le chef de file de cette haute couture rajeunie et en parfaite adéquation avec le désir des acheteuses. Mais ne vous méprenez pas: le travail, pour chaque modèle, reste colossal. Il a souvent fallu des centaines d'heures pour obtenir ces broderies givrées qui captent magnifiquement la lumière. En résumé, tout est réjouissant dans cette collection.

Le jour, ce jean couture boutonné à la cheville par un bijou précieux et porté avec un t-shirt aérien en tulle ou ces pantalons sveltes glissés sous des robes ceinturées à la hanche sont (en rêve) très faciles à porter. Le soir, les robes longues et précieuses feront certainement un tabac au moment des bals et des mariages du printemps, en Angleterre et à Monaco.

Alexis Mabille a lui aussi rendu sa couture plus tendance. Il n'y a qu'à regarder ce manteau en silicone brodé de paillettes translucides ou cette jupe à traîne escamotable qui se transforme en une magnifique cape. Astucieux, non?

Plus classique, la série de robes blanches (longues ou au genou) aux précieuses dentelles séduira à coup sûr les jeunes héritières à la recherche de la robe de mariée parfaite.

Chez Christophe Josse, les jupes en néoprène ou en jersey nid-d'abeille emprunté aux vêtements de sport (pourquoi pas!), ou encore les broderies en inox témoignent de ce désir de coller à son époque.

Mais la robe de princesse n'est jamais très loin, comme en témoignent ces longs plissés lilas, à la limite du rococo, ou ces robes de cocktail en tulle et chantilly noirs.

De son côté, Alexandre Vauthier, adoré de Lady Gaga, a fait défiler des femmes fatales au chic très hollywoodien. Les silhouettes se succèdent dans des robes en velours noir ou satin blanc avec ajours d'organdi en V qui laissent deviner ici ou là quelques parcelles de peau. On retrouve bien sûr l'une de ses marques de fabrique: les épaules surdimensionnées, mais moins qu'à son habitude.

Faste printanier



John Galliano pour Dior semble nostalgique de l'époque où haute couture rimait avec faste et luxe, à l'image de ces grandes robes de bal ornementées de fleurs délicates, de sequins et de perles: belles à couper le souffle.

Pour le jour, les silhouettes inspirées des dessins de René Gruau, illustrateur de la griffe depuis sa fondation, sont parfaitement graphiques et connotées années 50: jupes crayon et modèles corolle aux multiples couches de tulle, laissant filtrer la lumière comme par magie, se succèdent merveilleusement.

De son côté, Elie Saab, le créateur préféré des tapis rouges, revisite la robe de princesse sans jamais tomber dans la mièvrerie. Les teintes sont douces: rose, pistache, nuances de poussière. Le plus souvent, les silhouettes s'étirent en fourreau, sur les reins un noeud marque une taille de guêpe, partout les broderies éteintes et les bords effrangés apportent ce petit «plus» tout à fait dans le coup.

La maison de couture Givenchy, menée par Riccardo Tisci, a choisi l'intimité des salons pour présenter ses modèles très japonisants et luxueux. D'un côté, il y a les longues robes réalisées en fines lanières de cuir blanc, ornées de tulle et de plumes d'autruche; de l'autre, des modèles en organza et mousseline sur lesquels se déploie une grue, l'oiseau de la chance au pays du Soleil levant.

Deux ovnis couture

Futuriste, lunaire... les adjectifs ne manquent pas pour qualifier la collection très inattendue de Giorgio Armani Privé. On retiendra ces étranges bibis «soucoupes volantes», ces sandales de cristaux rouges, le luisant presque surréaliste des tissus métallisés, les coupes minimales qui nous transporteraient à la rencontre du troisième type, très loin des collections auxquelles le maître italien nous avait habitués.

Jean-Paul Gaultier offre une leçon magistrale de couture, histoire de faire taire ceux qui s'amusent à répéter depuis des années que «la haute couture est morte».

Les mannequins, coiffés à l'iroquoise, sont impériales dans ces robes ou tailleurs coupés au cordeau. On retiendra à tout jamais ces volants cancan en tulle de soie blanc ou cette marinière étirée en fourreau d'organdi marine, sans oublier ces effets feuilletés, pixelisés... Époustouflant!