L'artiste Zïlon, qui aime poser sa griffe partout et notamment sur les murs de Montréal - sa première galerie -, n'avait jamais apposé sa signature sur un parfum. C'est maintenant chose faite avec Eaux Trouble$, créé pour lui par le parfumeur montréalais Claude André Hébert. Ce qui lui a inspiré l'exposition du même nom, pour un lancement double d'Eaux Trouble$ - l'expo, le parfum - à la galerie MX mercredi.

C'est en passant devant la boutique de Hébert sur Laurier (aujourd'hui fermée) et en voyant le flacon de parfum Bûcheron habillé d'un tissu à carreaux que Zïlon a eu envie de découvrir ce parfumeur. «Nous avons avant tout voulu nous connaître, nous avons parlé de notre enfance, de nos visions comme artiste et parfumeur, raconte-t-il. L'idée de créer un parfum est arrivée tout naturellement.»

Cette rencontre est bien tombée dans la vie de Claude André Hébert, qui connaissait une période «trouble», de son propre aveu: il sortait d'une dépression. Ce côté sombre pouvait servir à l'élaboration d'un parfum pour Zïlon, qu'il qualifie de rebelle. De toute façon, le parfumeur dit toujours partir d'une histoire personnelle pour élaborer ses créations, dont il n'aime pas dévoiler les ingrédients. Ce sont les mots de ses histoires qui se transforment en ingrédients, et il laisse le client créer sa propre histoire à partir du résultat... «Ma façon de m'exprimer, c'est de créer des parfums», résume-t-il.

Intuitif, émotif, original, il a entre autres créé Bûcheron en s'inspirant du métier de son père. Pour son 100e anniversaire, la ville de Saint-Quentin au Nouveau-Brunswick lui a passé une commande, et le parfumeur a créé Joseph et Rose-Aimée, du nom de ses grands-parents originaires de la ville.

Une petite mésaventure à New York est à l'origine de l'esprit d'Eaux Trouble$. «Je m'étais perdu dans un quartier plutôt dangereux où ne vont pas les touristes, raconte-t-il. J'étais dans le trouble! J'avais peur, mais, en même temps, j'aimais ça.»

Unisexe et... montréalais!

Résolument urbaine et audacieuse, la fragrance «unisexe» Eaux Trouble$ étonne, et puis charme. Aucune fleur dans sa composition, mais des tonalités citronnées, avec des touches de vétiver, de patchouli, de cuir. «Ce n'est pas ce que l'on pourrait qualifier d'eau fraîche, explique son créateur. Cela évoque l'eau qui ruisselle dans les ruelles, le béton mouillé, ce n'est ni un homme ni une femme... Cela représente Montréal.»

Parlant de la métropole, le parfumeur a créé pour sa ville cinq parfums qui, semble-t-il, ont ravi le maire, et qui seront lancés en novembre. Oratoire, À l'ombre du clocher, Basilique Notre-Dame, Ville-Marie et... Métropole. L'un de ces parfums s'envolera même vers le Vatican pour la canonisation du frère André! Et à cela s'ajoute Clara, un parfum pour enfant, qu'on trouvera au Marché Casse-Noisette. Claude André Hébert l'avoue: il est dans une boulimie parfumée. «J'ai créé une trentaine de parfums depuis quelques années, c'est presque trop!»

Le design du flacon Eaux Trouble$ est, bien sûr, signé Zïlon. Les 100 premiers seront des pièces de collection, que l'on peut voir à l'exposition de la galerie MX. C'est une belle collaboration pour l'artiste et le parfumeur, qui estiment que les arts doivent s'épauler.

Eaux trouble$, à la galerie MX (333 ave. Viger Ouest), jusqu'au 17 octobre. Événement grand public en présence de l'artiste, le 8 octobre de 17h à 20h, et le 9 octobre de 14h à 17h.