Chanel a présenté mardi un défilé aux couleurs pastel pour l'été prochain, son couturier Karl Lagerfeld ayant placé ici et là des touches de son vestiaire personnel, alors que Givenchy montrait dans la soirée une collection d'une grande modernité.

«À côté, les grandes maisons ont presque l'air dépassé», siffle une rédactrice de mode à la fin du défilé de Riccardo Tisci, chouchou de la mode qui est largement responsable du regain d'intérêt pour la marque française.

Couleurs éblouissantes, coupes fluides et matières «couture» utilisées savamment, comme des «plumes d'autruche, de vautour et de nandou» sur un haut en tulle ou cet ensemble entièrement brodé de paillettes et de cristaux.

Vivement applaudi, le couturier italien, en T-shirt et baskets, est sorti seulement quelques secondes pour saluer.

Dans la matinée, au défilé Chanel, d'immenses piliers recouverts de néons annonçaient les couleurs de la saison, notamment pour le célèbre tailleur de la maison. Avec une jupe droite ou un bermuda ample et court, il est porté avec des mitaines argentées, comme celles que «Karl» affectionne.

Les couleurs sont pâles: blanc, rose pailleté, vert amande surligné d'argent, pêche, rose ou parme.

Des robes courtes et droites dans les mêmes tissus, assez sages avec épaulettes étroites et petit col, parsemées de broderies. Mais aussi des robes bustiers très ouvragées ou recouvertes de tourbillons d'organza comme des fleurs, dans un dégradé aérien de blanc et de rose bonbon.

Soudain une robe du soir en soie blanche drapée envoie un nouveau clin d'oeil au vestiaire de «Karl»: une cravate noire aux dimensions exagérées avec un motif argenté au centre.

Dans la salle, parmi les VIP, l'ex top-model Claudia Schiffer, les comédiennes Anna Mouglalis, égérie de la marque, et Charlotte Gainsbourg.

Changement radical de ton dans le salon intimiste où le couturier-designer italien Maurizio Galante reçoit, à deux pas de Matignon. Pas de «people» pour ce récital plein de grâce de la soprano américaine June Anderson, qui a accepté de chanter six morceaux, accompagnée au piano, tout en jouant à la poupée qu'on habille et déshabille.

Vêtue d'une simple robe en crêpe de soie, croisée derrière la nuque, elle va être transformée, entre chaque morceau, par le couturier qui explique sa démarche d'un simple: «la couture, c'est des émotions».

Enfilant un manteau-étole en soie blanche, elle commence par un air du Cendrillon de Walt Disney, tout en luttant avec sa boucle d'oreille en grappe de diamants qui se fait la belle.

Un caftan en plumes d'autruche et une robe enveloppe brodée de phénix plus tard, arrive l'air de Marguerite dans «Faust» de Gounod. June Anderson, qui visiblement s'amuse, «rit de (se) voir si belle en ce miroir», tout en passant de nouvelles bagues, et se demande «comment ne pas être coquette».

Après l'air de La Wally, popularisé par le film «Diva», elle termine sur une robe en soie «reflets de lune sur la mer», parsemée de ronds en plastique qui reflètent la lumière en halo.

Chez le Français Stéphane Rolland, des robes sirènes éblouissantes, bustier près du corps et évasées sous le genou, dans des couleurs chaudes. Sa robe de mariée, trop lourde pour que la mannequin puisse se retourner sans aide, est recouverte d'un motif d'écailles dressées surlignant chacune de ses courbes.