Depuis mercredi et jusqu'au 8 octobre, pas moins de 144 créateurs de mode et de prêt-à-porter présentent leur collection à Paris. En plus des incontournables marques parisiennes, dont certaines existent également en couture, de nombreux autres créateurs, Portugais, Chinois, Russes, Japonais ou Sud-Coréens en tête, tenteront au cours d'une semaine fiévreuse de prouver la vitalité du secteur et braver la crise financière pour le printemps/été prochain.

Ouvrant le bal pour sa marque Impasse de La Défense, le Breton Karim Bonnet poursuit ses explorations hors des sentiers battus et s'attache cette fois au mélange des matières et des compostions. Son vestiaire semble sorti du «Swingin» London» des années 60: criard et décalé.

Des robes aux coupes simples sont toutes portées sur des collants flashy, parfois accessoirisés en les «fildeferisant». Clin d'oeil à son travail de photographe, de vraies photos sont plaquées comme des morceaux de toiles cirées, montrant des clichés tirés des magazines de mode «Jalouse» ou «L'Officiel».

La plupart des modèles, principalement des robes, sont des patchworks colorés mêlant le twill, la soie rebrodée, la toile enduite et les motifs plaqués. En hommage à son ami et maître Paco Rabanne, le créateur pose aussi des carrés de métal brossé ou des écrous plats soulignant ici une hanche, là une taille.

Chimiste de formation et autodidacte formé chez Corinne Cobson, Bonnet ose également découdre les manches de trench-coats qu'il transforme en robe strictes, ou s'amuse à peindre à la main des motifs floraux sur des robes de cocktail translucides. Il imprime aussi des clichés de visages féminins sur de larges robes paraboles à baleines.

Fer de lance de l'école d'Anvers, pépinière de jeunes pousses de créateurs avec Londres et Paris, Tim Van Steenbergen tient ses promesses. Sa collection «The Shaker World» milite pour l'authenticité grâce à une coupe géométrique et un travail sur l'élégance, pour l'émotion, à travers les détails et la finition couture.

Il dit piocher pour cette saison dans des incontournables du vestiaire féminin de la fin du XIXe siècle à nos jours. Il réinvente par exemple le drapé d'une épaule asymétrique monté en fleur sculptée sur l'épaule ou revisite le sage plissé d'une jupe imprimée dansante des années 50.

Des robe-manteaux, des mini-combi shorts sont inspirés d'une ligne balnéaire près du corps quand d'autres modèles sont carrément empruntés à la lingerie ou au linge de nuit et surprennent, en bleu Klein transparent ou en sable. Empruntés à l'Art déco, des chemisiers à plastron et dos nu sont retenus d'une simple lanière et cohabitent avec des spencers à col bénitier, parfois proposés en croûte de cuir.

Le créateur belge joue aussi la carte du mélange des genres avec des mariages improbables pour les puristes, comme celui pour un perfecto, du cuir et du jersey.