Elle porte pourtant bien son nom. Mais avec les années, dans plusieurs familles, cette semaine de relâche a fini par rimer avec activités organisées, stress programmé et dépenses démesurées. Bref, tout, sauf détente et repos. Et si on prenait le temps de repenser cette semaine de vacances? Retour aux sources en huit points.

La définition

C'est du « gros bon sens ». Mais qui dit « relâche » dit par définition « moins de contraintes », souligne Francine Ferland, ergothérapeute et auteure du Développement de l'enfant au quotidien, aux éditions du CHU Sainte-Justine. « On se met dans une atmosphère de vacances, dit-elle, c'est le principe de base. » Bref, pas d'horaire, pas de devoirs ni de leçons, on peut se coucher (plus) tard, se lever (encore plus) tard, passer la journée en pyjama. Objectif ? « On brise la routine », résume-t-elle. Et on se crée des souvenirs au passage.

La relâche dans le tourbillon

Ça, c'est la théorie. Mais en pratique, cette semaine est souvent source d'« angoisse » chez bien des parents qui sont pris dans un « tourbillon à temps plein », fait valoir la psychologue Marie-Ève Brabant. Si à longueur d'année, les enfants vivent avec des agendas de ministre, entre l'école, les activités parascolaires et les cours du week-end, bien souvent, à la relâche, « les parents ont l'impression de devoir divertir leurs enfants ». De leur côté, « les enfants le demandent parce qu'ils s'y attendent ! ».

Reconnecter

D'où le défi de ne (presque) rien programmer pour se reposer, récupérer et, finalement, « reconnecter » en famille, poursuit la psychologue. « On pense que ce qui est important, c'est ce qu'on va faire, alors que ce qui est important, c'est d'être », note France Paradis, ergothérapeute, conférencière et chroniqueuse. L'important n'est donc pas d'organiser mille et une activités, mais bien de passer du temps à être là, à 100 %, et, pourquoi pas, à jouer au Monopoly un après-midi, ou construire une cabane dans un lit. « Parce que la seule chose qui nourrit le lien, c'est de faire des choses ensemble ! »

La relâche en travaillant

Si vous lisez ces lignes et que vous n'êtes pas en congé à la relâche, sachez qu'il y a tout de même moyen de profiter de ses bienfaits relaxants. Oui, même si vous travaillez et que vos enfants sont inscrits au service de garde ou dans un camp. Comment ? « Loussez le cadre », suggère la conférencière et mère de trois enfants France Paradis. Pourquoi ne pas laisser les enfants dormir dans le salon, choisir le menu du souper et se coucher plus tard ? « Il y a quelque chose qu'il faut qu'on lâche, poursuit-elle. Il faut sortir du cadre qui maintient l'ordre. C'est ça qui fait qu'il y a une relâche. » Et c'est fondamental, pas seulement pour la forme, mais surtout pour le fond. « On en a besoin, parce qu'on ne peut pas maintenir tout le temps notre état de performance. Il faut qu'il y ait un moment où on se lâche ! »

Du temps et non de l'argent

Tous les experts consultés le confirment : ce que ça prend à la relâche, c'est du temps en famille (sans contrainte d'horaire), et non de l'argent. « L'important, c'est d'avoir du plaisir en famille. Créer un environnement chaleureux », reprend Francine Ferland. Tant mieux si vous avez les moyens de créer ce bel environnement en voyage, dans le Sud, ou sur une montagne en ski. Mais il n'est pas nécessaire de chercher si loin (ni de payer si cher). Au contraire. Construire un fort, faire une bataille de boules de neige, aller à la piscine du quartier, regarder la télé, jouer aux cartes, c'est gratuit. Surtout, vous vous épargnerez ici tout le stress associé à un quelconque investissement. « Parce que des fois, c'est stressant de payer cher. Tu te mets une pression. Si tu dépenses 8000 $ pour aller dans le Sud, tu ne veux pas que tout le monde soit malade et que ce soit un échec », signale Odile Archambault, auteure de Maman a un plan.

Oser ne rien faire

Eh oui, pour vraiment se relâcher et se reposer, il faut aussi prendre le temps de ne rien faire. Tout simplement. Laisser les enfants s'ennuyer, oser la spontanéité. Ou au contraire le farniente. Pourquoi pas carrément passer une journée devant la télé, à enfiler des séries en groupe ? « L'important, c'est d'être capable de cerner ses besoins à soi et à sa famille », souligne la psychologue Marie-Ève Brabant. Et ça, il n'y a que vous qui en êtes capables. Car c'est vous qui vous connaissez le mieux. « C'est aussi une pause pour les parents. Ceux qui ont le luxe de pouvoir prendre congé, s'ils peuvent prendre du temps pour eux, pour récupérer, c'est une bonne chose », ajoute-t-elle.

Sans se comparer

Bien sûr, si vos enfants vous demandent pourquoi vous, vous ne faites rien, pourquoi vous ne partez pas en vacances, comme « tous les amis », vous devez saisir cette occasion pour avoir une conversation familiale. Mais avant d'énumérer ce que vous ne faites pas, pourquoi ne pas plutôt insister sur ce que vous faites ? Et si vous économisez pour vos vacances d'été, ça se dit. Vous ferez une petite leçon d'économie et de finances personnelles au passage. Et pourquoi pas de bonheur personnel, tant qu'à y être ? « Avec les réseaux sociaux, on est tellement exposés à ce qu'on pense être une journée parfaite, il faut s'entraîner à voir ce qui fait notre propre bonheur », rappelle la psychologue Marie-Ève Brabant.

Le secret du bonheur

Quoi qu'on pense, ce n'est pas parce qu'on fait un gros voyage, plein d'activités, ou qu'on mange un plus gros gâteau qu'on sera au final plus heureux. « Le bonheur, ce n'est pas mathématique », signale Lucie Mandeville, psychologue et auteure de plusieurs livres sur le bonheur. « Mais c'est éphémère. » Morale ? « Faire vivre des petits bonheurs au quotidien fait en sorte que le bonheur dure plus longtemps », conclut-elle. À méditer, loin des réseaux sociaux, entre deux parties de cartes, un casse-tête et une tasse de chocolat chaud, extra guimauves...