Depuis 2002, les maires peuvent célébrer des mariages avec l'autorisation du ministère de la Justice, mais très peu d'entre eux acceptent de le faire. Parmi ces derniers, Denis Coderre a uni la destinée d'une trentaine de personnes et Régis Labeaume, qui le fait seulement pour des amis ou des proches.

Rencontré à son bureau, le maire de Montréal Denis Coderre raconte tout le plaisir qu'il a eu à célébrer, l'été dernier, une quinzaine de mariages à l'hôtel de ville. « Il y avait des demandes et un certain engouement, on a lancé un appel et, pour moi, ça fait partie de mes fonctions, tout comme celles des élus, de rendre ce service », dit-il. Avis aux intéressés, il a l'intention de répéter l'expérience l'été prochain.

Pour Denis Coderre, il y a quelque chose de très solennel au fait d'être reçu à l'hôtel de ville et de s'y marier. « Je trouve que ce sens de l'institution est essentiel », explique-t-il.

« Il y a une histoire, c'est le patrimoine, c'est un héritage, et ça vient donner une belle couleur à la célébration », ajoute le maire de Montréal.

Selon lui, un maire doit être proche de ces concitoyens et présent pour partager avec eux des moments importants de leur vie. « Cette proximité est tout à fait naturelle, confie-t-il. Pour moi, c'est un moment privilégié parce qu'on partage une émotion. Les gens échangent leurs voeux et leurs alliances, et je prépare une belle présentation. »

«Assurer la gestion de la ville »

On ne partage pas le même point de vue du côté de la Ville de Québec. Le maire Régis Labeaume a célébré exceptionnellement trois mariages en 2015, dont celui de l'homme d'affaires Peter Simons et de sa femme. « Il le fait environ une fois par année, mais il l'a fait trois fois en 2015 », explique Paul-Christian Nolin, attaché de presse et attaché politique du maire de Québec.

Ce dernier précise qu'il le fait uniquement pour des amis ou des proches ; Régis Labeaume a aussi célébré le mariage de l'une de ses conseillères et d'une employée de la Ville. « Sinon, il ne ferait que ça ! Le travail du maire, c'est d'assurer la gestion de la Ville », estime l'attaché de presse. Le maire de Québec a aussi marié le caricaturiste Ygreck du Journal de Québec en 2014. Ce dernier a lancé au maire, tête de Turc du caricaturiste : « Je vous offre l'occasion de vous venger, mariez-moi ! » « C'était difficile de refuser ! », dit Paul-Christian Nolin.

Est-ce flatteur pour un maire qu'on le choisisse comme célébrant ? « Oui, mais ce n'est pas parce que c'est flatteur que ça prend moins de temps ! »

Pour sa part, le maire de Montréal se dit « privilégié » de vivre un tel moment avec les citoyens. « On partage la vie des mariés et de leurs familles, c'est une ode à l'amour. C'est beau et inspirant. C'est le plus beau 15 minutes de leur vie », affirme Denis Coderre, qui s'est marié à la cathédrale de Joliette le 27 août 1987.

Certains maires d'arrondissement de Montréal célèbrent aussi des mariages, il suffit d'en faire la demande. C'est le cas, entre autres, d'Anie Samson, mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, de Claude Dauphin, maire de Lachine, et de Marie Cinq-Mars, mairesse d'Outremont.

À Laval, il n'y a pas eu de mariages célébrés par le maire, et il ne semble pas y avoir de demandes. À Longueuil non plus.

À Trois-Rivières, le maire Yves Lévesque, élu depuis 2002, a célébré « quatre ou cinq mariages », et les mariés, chaque fois, étaient des amis ou connaissances du maire, selon Gilles Poulin, greffier et directeur des services juridiques de la Ville de Trois-Rivières. Il précise qu'il n'y a pas de demandes et que les mariages que le maire a célébrés n'ont pas eu lieu à l'hôtel de ville, mais sur un bateau et au bord d'une piscine. « On a désacralisé le mariage, et les gens choisissent des endroits plus conviviaux », dit-il.

Consultez la liste des arrondissements qui comptent des célébrants autorisés par le ministère de la Justice

En 2014

• 23 % des mariages ont été célébrés par une personne désignée, ce qui est en hausse.

• 45 % des mariages ont été célébrés religieusement. Les mariages religieux diminuent au profit des mariages civils.

• 17 % des mariages ont été officialisés par un greffier au palais de justice.

• 14 % des mariages ont été contractés devant un notaire.

Source : Institut de la statistique du Québec