Après qu'on eut découvert les chiens qui ont marqué l'histoire et ceux ayant appartenu à des personnalités mythiques, c'est au tour des chats de s'illustrer dans un dictionnaire «à l'usage des maîtres cultivés». Entrevue avec Brigitte Bulard-Cordeau, une des trois auteures amoureuses des félins derrière le Dictionnaire des chats illustres.

Ils s'appellent Amourette, Apache, Bébert, Brillant, Chanoine, Choupette, etc. Ils ont tous appartenu à un personnage célèbre de l'histoire, de l'art, de la littérature ou encore ils ont défrayé la chronique en s'illustrant par leur intelligence, leurs 400 coups, leur originalité, sans oublier les records battus.

Brigitte Bulard-Cordeau, journaliste-écrivaine, a décidé de s'associer à Bérangère Bienfait, historienne, et à Valérie Parent, historienne de l'art et journaliste, pour répertorier 400 de ces chats d'exception dans un ouvrage écrit à six mains de velours.

«On collaborait toutes les trois à un magazine qui s'appelait Atout Chat et Valérie a proposé qu'on fasse ce dictionnaire. On s'est lancées dans cette aventure, qui a été tout un défi. On ne pensait jamais trouver 400 chats! Valérie s'est chargée de l'actualité, Bérangère, de l'histoire, et moi, de la littérature», explique Brigitte Bulard-Cordeau.

À travers leur dictionnaire, les trois femmes désirent avant tout montrer l'importance des chats dans l'histoire et dans la société, surtout qu'en France, aujourd'hui, on compte maintenant plus de félins (11,4 millions) que de chiens (8,7 millions), alors qu'il y a quelques années, la tendance était encore inversée.

Propriétaire de Luhna, une chatte de gouttière qui figure bien sûr dans le dictionnaire, Brigitte Bulard-Cordeau se dit particulièrement inspirée par son compagnon à quatre pattes, tout comme de très nombreux autres écrivains.

«Ils dégagent quelque chose. Avec eux, on est dans une aptitude à la concentration extraordinaire», explique-t-elle. Il est vrai qu'à travers l'histoire littéraire, nombreux sont les exemples démontrant cette affirmation.

«Frédéric Vitoux, de l'Académie française, nous parle notamment de sa chatte noire Zelda. Il a d'ailleurs écrit un livre sur Bébert, le chat de Ferdinand Céline. Un jour, un astronaute a appelé Frédéric Vitoux, car il voulait donner à une étoile le nom de Bébert. Ne pouvant finalement le faire, l'astronaute a finalement choisi d'appeler son étoile Vitoux, du nom de l'auteur, biographe du chat de Céline!», s'exclame Brigitte Bulard-Cordeau.

De Colette et ses nombreux chats à George Sand, qui vouait une véritable adoration à sa chatte Minou, avec qui elle prenait son petit déjeuner dans la même assiette, multiples sont les exemples des auteurs fous de leur félin. «Paul Léautaud promenait ses chats dans un landau. Il en a eu 300 au cours de sa vie! raconte Brigitte Bulard-Cordeau. Il y a aussi Chateaubriand et son chat Micetto, qui lui a été confié par le pape Léon XXII à sa mort. Chateaubriand était ambassadeur au Vatican à l'époque et le pape a insisté pour que son chat aille chez lui», ajoute-t-elle.

Sans oublier, bien sûr, Edgar Allan Poe, qui n'avait d'yeux que pour Katarina, qui aurait inspiré Pluton dans Le chat noir.

Les auteurs ne sont pas les seuls à avoir donné à leur chat une place de choix dans leur destin d'exception. C'est aussi le cas d'hommes politiques, comme Charles de Gaulle et son chat Ringo (qu'il appelait plus intimement Gris-Gris) ou encore Winston Churchill et son Nelson, dont il était totalement fou. «Un jour, lors d'une rencontre entre hommes politiques dans un hôtel d'Angleterre, on avait réservé pour 13 convives, un chiffre qui déplaisait aux superstitieux. On a donc décrété qu'il fallait 14 invités. Ne voulant pas de la présence d'un inconnu, Winston Churchill a dit qu'il vaudrait mieux qu'il s'agisse d'un chat, car il ne trahirait jamais les secrets. Ils ont finalement choisi de mettre un portrait de chat, et son couvert a même été ajouté à table», explique Brigitte Bulard-Cordeau.

Même à la cour de France, les rois se sont laissé charmer par leur petit compagnon. C'est le cas de Brillant, le premier chat de l'histoire a avoir été accepté à la cour du roi. Ce félin appartenant à Louis XV tenait une place de choix aux côtés du souverain. «Pendant le Conseil des ministres, on dit d'ailleurs qu'il s'intéressait plus à son chat qu'aux discussions. Si son chat n'aimait pas une personne de la cour, cette dernière était renvoyée sur-le-champ!», s'amuse l'auteure du Dictionnaire des chats illustres, qui s'intéresse également aux chats ayant défrayé la chronique, comme Snowball, qui a permis de confondre un assassin au cours d'un procès, ou encore Tommy, aux États-Unis, qui a appelé le 9-1-1 pour sauver son maître paralysé tombé de son fauteuil roulant.

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Dictionnaire des chats illustres - À l'usage des maîtres cultivés, aux éditions Honoré Champion, 35,95 $