Telus a reconnu jeudi que le déploiement de son réseau sans fil de cinquième génération pourrait être retardé et plus coûteux si Ottawa décidait d'interdire l'équipement de Huawei Technologies.

La société établie à Vancouver, qui a utilisé des équipements radio Huawei dans certaines parties non essentielles de ses réseaux sans fil 3G et 4G, continue de croire que l'entreprise chinoise ne représente pas un risque important pour la sécurité nationale.

Cependant, Telus a indiqué, dans des documents accompagnant ses résultats financiers du quatrième trimestre, qu'elle ne pouvait prédire le résultat d'un examen de cybersécurité sur le 5G mené par le gouvernement fédéral.

Une interdiction visant les équipements de Huawei « pourrait entraîner une augmentation substantielle, non récurrente et différentielle du coût du déploiement du réseau 5G de Telus et, potentiellement, du moment choisi pour son déploiement », a affirmé la société dans un communiqué.

Toutefois, le chef de la direction de Telus, Darren Entwistle, a adopté un ton plus rassurant lors de sa conférence téléphonique avec les analystes.

« Nous sommes bien préparés pour un certain nombre de scénarios et de développements concernant le déploiement éventuel d'une infrastructure 5G et pour l'acquisition de spectre qui sera essentielle pour assurer le 5G », a-t-il affirmé.

Une interdiction sur l'équipement de Huawei n'aurait « aucune incidence sur l'échéancier de Telus pour commercialiser le 5G », a assuré M. Entwistle.

Telus a indiqué ne pas s'attendre à ce que des réseaux sans fil de cinquième génération - qui fourniront une capacité de données beaucoup plus grande que les générations précédentes - soient déployés commercialement au Canada avant le second semestre de 2020.

La semaine dernière, le chef de la direction de BCE et de Bell Canada, George Cope, a estimé qu'une interdiction des équipements de Huawei par le gouvernement ne retarderait pas son plan pour un réseau sans fil de cinquième génération, mais a donné peu de détails sur l'échéancier de la société.

Au lieu de cela, M. Cope a indiqué aux analystes financiers que la société était « assez à l'aise » pour pouvoir gérer tous les développements potentiels sans retarder son déploiement ou dépasser son cadre de dépenses en capital.

MM. Cope et Entwistle ont tous deux déclaré qu'ils n'avaient pas encore sélectionné de fournisseurs pour leurs réseaux 5G. Outre Huawei, la suédoise Ericsson, la finlandaise Nokia et la sud-coréenne Samsung pourraient également être choisies.

La campagne pour l'interdiction de Huawei sur les réseaux 5G est menée par les États-Unis, avec le soutien de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande. Ceux-ci allèguent que la société de Shenzhen pourrait être forcée d'espionner d'autres pays par le gouvernement chinois.

Le Canada et le Royaume-Uni n'ont pas encore décidé s'ils rejoindraient leurs partenaires en interdisant l'équipement de Huawei, mais ils l'ont déjà banni des parties les plus sensibles de leurs réseaux.

Bien que Bell et Telus aient conclu un accord de partage de réseau en ce qui concerne les tours cellulaires utilisées par leurs réseaux sans fil, chacune sélectionne de manière indépendante le matériel installé dans les tours.

Les deux entreprises ont également beaucoup investi pour installer davantage de lignes fixes à fibres optiques, tant pour les clients résidentiels que pour les tours cellulaires, afin de répondre à la demande croissante de services de données fournies par internet.

Résultats en hausse au 4e trimestre

Telus a publié jeudi des prévisions selon lesquelles ses dépenses en capital pour 2019 seraient d'environ 2,85 milliards, sans compter les investissements dans les licences de spectre, par rapport à 2,9 millions pour l'année dernière.

Le groupe de télécommunications estime également que ses revenus augmenteront de 5 % en 2019 et que son bénéfice avant impôts et autres dépenses progresserait de 6 % par rapport à celui du dernier exercice.

Telus a affiché jeudi un bénéfice du quatrième trimestre en hausse, ses revenus d'exploitation ayant progressé de 6,3 % par rapport à la même période en 2017.

La société a fait état d'un bénéfice attribuable aux actionnaires de 357 millions, soit 60 cents par action, pour le trimestre clos le 31 décembre.

Cela représente une hausse par rapport au profit de 59 cents par action réalisé au quatrième trimestre de 2017, alors que le bénéfice attribuable aux actionnaires avait atteint 353 millions.

Le bénéfice net ajusté s'est chiffré à 409 millions, ou 69 cents par action, en hausse par rapport à celui de 396 millions, ou 66 cents par action, engrangé un an plus tôt.

Le chiffre d'affaires trimestriel de Telus s'est établi à 3,76 milliards, par rapport à 3,54 milliards un an plus tôt.

Les résultats de Telus étaient légèrement supérieurs aux attentes des analystes, qui visaient en moyenne un bénéfice ajusté par action de 69 cents et des revenus de 3,69 milliards, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters Eikon.