La banque vous téléphone: une tentative de retrait a présentement lieu à New York, mais votre sans-fil lui indique que vous êtes à Montréal. Voulez-vous bloquer la transaction? Juste comme ça, la contextualisation des données vient empêcher une fraude bancaire. C'est de la fiction? Non. Bienvenue en 2012.

Le rapport «Technology Vision 2012», de la multinationale Accenture, entrevoit pour cette année l'émergence des «services fondés sur le contexte, où le monde réel et les données numériques sont regroupés pour donner au consommateur une expérience extrêmement soutenue.»

«C'est un concept dont on parle depuis des années, mais les outils sont aujourd'hui accessibles aux entreprises désireuses de mettre cette technologie en application», explique Martin Chalifoux, directeur général d'Accenture à Montréal, où l'entreprise de conseil en gestion compte 800 employés. «Au fil des trois prochaines années, la contextualisation va changer profondément la façon dont on fait des affaires partout dans le monde, au moins autant que l'ont fait les réseaux sociaux et la mobilité depuis cinq ans.»

En fait, ce sont justement ces technologies qui seront combinées pour fournir à l'entreprise une information plus précise à propos de ses clients. La téléphonie intelligente, les médias sociaux, la géolocalisation et l'analytique des données sont donc les autres tendances fortes qu'Accenture entrevoit dans sa boule de cristal.

M. Chalifoux estime que les entreprises qui exploiteront avec doigté ces technologies pourront aisément hausser leurs revenus et accroître leur présence sur le marché. «Le premier qui entre en contact avec un consommateur pour répondre à un besoin pressant a plus de chances de l'emporter. Pour ce consommateur, se faire offrir une solution sur mesure sans la demander accroît du même coup sa loyauté envers l'entreprise», conclut-il.

Une mobilité plus intelligente

Une des premières manifestations de ce phénomène se trouve du côté de la publicité, qui se raffine et se précise d'une année à l'autre. La publicité ciblée sera le thème fort de l'année, selon les études réalisées à ce sujet.

Millenia Media, firme américaine spécialisée dans ce créneau, a constaté le virage dès la fin de l'année dernière. «La moitié (49%) des campagnes publicitaires ciblées se font désormais localement, les annonceurs se tournant de plus en plus vers les appareils mobiles afin de rejoindre leur clientèle cible», écrit-elle dans un rapport publié à la fin 2011. L'agence prédit une publicité plus ciblée encore en 2012, qui tiendra compte de la proximité géographique du client potentiel, ainsi que des données démographiques qu'elle peut tirer de son utilisation d'applications mobiles en tout genre.

Par exemple, une application bancaire qui fournit l'adresse du plus proche comptoir de service donne de l'information à l'utilisateur, d'un côté, et peut en transmettre en même temps à l'entreprise, en arrière-plan. Grâce à l'application, la banque peut déterminer s'il est plus pertinent de transmettre des données au client sur une marge de crédit, un prêt pour l'achat d'une voiture ou même d'un prêt hypothécaire.

Il existe un frein à l'adoption de ces nouvelles technologies, note Martin Chalifoux: la sécurité des données. «On confie nos données personnelles aux sociétés qui émettent des cartes de crédit, car on croit que leurs systèmes sont sécuritaires. C'est la même chose pour les données contextualisées: il faut prouver au public que leur traitement est sécurisé.» Une fois cette barrière levée, des services plus évolués comme celui évoqué en introduction sembleront soudainement plus réalistes