Une partie des jeunes Japonais délaissent l'esthétique traditionnellement sobre de leurs aïeux, pour s'adonner avec joie au «dekoden», un art du clinquant surchargé. Le mot «dekoden» vient de «décoration» et de «denwa», le terme japonais qui désigne un téléphone portable.

Les jeunes personnalisent les objets du quotidien, comme leur téléphone portable, leur montre, les paquets de cigarettes, leur lecteur de musique ou leurs accessoires de maquillage. Chaque objet est méticuleusement orné de perles de couleurs, de bijoux en toc, d'autocollants ou d'images de personnages de dessin animé.«C'est sympa d'avoir quelque chose d'unique que j'ai fait moi-même», raconte Kanako Hosomura, une serveuse de 27 ans originaire de Tokyo. «Cela peut prendre longtemps pour obtenir un résultat parfait, mais c'est créatif, et je trouve ça aussi assez relaxant», ajoute-t-elle, en montrant son téléphone portable et son miroir de poche, tous deux décorés avec soin.

Le chat du Cheshire d'Alice au Pays des merveilles fait des cabrioles sur la coque du téléphone portable de Kanako, en compagnie d'une douzaine de perles et de fleurs, tandis que Marie, le chaton des Aristochats de Disney, partage le boîtier de son miroir avec une abeille et un coeur bleu.

«Chacun m'a pris environ deux heures à faire, mais je pense que ça les vaut», estime la jeune femme.

Pour ceux qui n'ont pas le temps ni le talent, des boutiques ont lancé un service dédié, pour personnaliser son téléphone portable.

Le magasin d'électro-ménager Yamada Denki a mis en place un «Mobile Dream Theatre» dans son antenne d'Ikebukuro, où les clients peuvent acheter des sachets de perles, paillettes et autres fleurs décoratives pour seulement 300 yens (3,70 dollars). Les éléments de décoration les plus élaborés peuvent atteindre 1000 yens (12 dollars). Il est également possible de faire décorer son téléphone par un professionnel en magasin, pour environ 3000 yens (37 dollars), ce qui prend environ deux heures.

Selon les vendeurs, les coeurs autocollants et les initiales connaissent un grand succès. D'autres déclarent qu'ils préfèrent coller de faux gâteaux et bonbons.

L'engouement pour le «dekoden» est tel que le Musée national d'art moderne a inauguré une exposition sur le sujet cet été. L'actuel accrochage, intitulé «Le pouvoir de la décoration: un point de vue sur les travaux de studios contemporains», se tient jusqu'à fin janvier.