Les gens qui se baladent en parlant au cellulaire deviennent si distraits qu'on peut leur passer un clown sous le nez (littéralement) sans qu'ils s'en aperçoivent, selon une étude américaine publiée dans le Journal of Applied Cognitive Psychology.

Plusieurs expériences antérieures suggéraient déjà fortement que le cellulaire et le volant formaient un cocktail dangereux parce que le premier accaparait trop l'attention du conducteur, mais beaucoup se basaient sur des simulateurs de conduite.

D'aucuns critiquaient que cela pouvait diminuer artificiellement la performance des gens testés, plus habitués à conduire leur voiture qu'un simulateur, et «nos étudiants font souvent valoir qu'après des années passées à conduire en parlant au téléphone, la chose est devenue naturelle pour eux et ne réduit pas indûment l'attention qu'ils portent à la route», écrivent les auteurs de l'étude, dont le chercheur principal est Ira Hyman, professeur de psychologie à Western Washington University (WWU).

Déconnectés

Pour tester ces prétentions, M. Hyman et son équipe ont pris ces critiques au mot : dans un parc de WWU, ils ont observé des gens faire la chose la plus facile du monde, simplement marcher, en notant s'ils se promenaient seuls, à deux, avec un baladeur sur les oreilles ou en parlant au téléphone. Et pour mesurer l'attention que ces quatre groupes portaient à leur environnement, les chercheurs ont fait se promener un clown sur un unicycle (!) dans ce même parc.

Résultat : seulement 25 % de ceux qui placotaient au cellulaire ont remarqué le clown! Par comparaison, entre 51 % et 71 % des trois autres groupes ont dénoté sa présence saugrenue... L'échantillon comptait un total de 194 personnes.

«L'usage du cellulaire déconnecte les gens de leur environnement immédiat, même quand ils font quelque chose d'aussi simple que de marcher», a déclaré M. Hyman dans un communiqué de WWU.

«[Notre expérience a aussi démontré que] les usagers du cellulaire marchent plus lentement, changent de direction plus souvent, sont plus hésitants et loupent des objets nouveaux ou intéressants dans leur environnement. Et il semble bien que ce soit un effet du cellulaire, car les autres passants n'ont pas ce comportement. [... Alors] imaginez ce que cela donne au volant.»