L'opérateur historique français France Télécom a engagé jeudi «une démarche amicale» en vue du rapprochement avec TeliaSonera pour former le quatrième opérateur mondial de télécoms, une offre que le suédo-finlandais a refusée, la jugeant insuffisante.

Le PDG de France Télécom, Didier Lombard, a indiqué, lors d'une conférence téléphonique, qu'il se laissait 15 jours pour lancer ou non une offre formelle et qu'il y avait donc «un peu de temps pour rapprocher les points de vue». «Je ne considère pas que la situation est bloquée», a-t-il précisé.

«Le conseil d'administration (...) a décidé unanimement de ne pas soutenir l'offre indicative qui sous-évalue de manière substantielle l'entreprise», a immédiatement réagi l'opérateur suédo-finlandais.

«Le prix indicatif de 56,225 couronnes (9,48 $ CA) par action sous-évalue fortement son potentiel», a-t-il estimé.

«Ce rapprochement permettrait de créer un leader mondial des services convergents de communications, numéro trois mondial dans le haut-débit fixe, et numéro quatre mondial dans le mobile», selon l'opérateur français.

Avec 237 millions de clients au total, le nouvel opérateur de télécoms, qui serait le quatrième au niveau mondial, compterait 168 millions dans le mobile et 69 millions dans le fixe et occuperait, selon France Télécom, «des positions de premier plan dans 30 pays, dont 21 où il détiendrait une position de leader».

Le projet présenté par France Télécom est constitué d'»un mix de 52% en numéraire payable en euros pour un équivalent de 63 couronnes suédoises par action Teliasonera et de 48% en actions France Télécom sur la base d'un ratio d'échange de 3 actions nouvelles France Télécom pour 11 actions existantes Teliasonera».

«Le projet d'offre représente une prime de 39% environ par rapport au dernier cours de TeliaSonera du 15 avril 2008 (jour précédent la publication d'informations sur une éventuelle opération)», a fait valoir France Télécom.

Selon M. Lombard, il n'est pas question de faire évoluer la parité entre les actions des deux groupes, mais «de nombreux paramètres non monétaires peuvent être ajustés», a-t-il ajouté, sans vouloir donner d'autres précisions.

Les synergies pourraient produire d'ici 2013 des économies d'un montant de près de 1% du chiffre d'affaires pro forma 2007 du nouveau groupe et 70% environ des économies liées à la fusion seraient réalisées d'ici 2011, dit-il encore.

En cas de succès de l'opération, France Télécom envisage de coter également ses actions sur les Bourses de Stockholm et d'Helsinki.

Né de la fusion en 2002 du suédois Telia et du finlandais Sonera, TeliaSonera est détenu à 37,3% par l'Etat suédois et fait partie des entreprises dont le gouvernement de Stockholm a dit vouloir se désengager.

Le groupe est solidement implanté dans le Nord (Norvège, Suède, Danemark, Finlande) et l'est de l'Europe (Russie, Pays baltes), régions encore à conquérir pour le groupe français.

À la Bourse de Paris, l'action de France Télécom chutait vers 9h00 GMT de 4,50% à 18,37 euros, le marché accueillant défavorablement sa «démarche amicale», tandis que le suédo-finlandais progressait à Stockholm de 6,48% à 57,50 couronnes.