Une semaine après l'annonce des négociations, le mariage est officialisé. Il donnera naissance au numéro un des équipementiers télécoms devant Cisco. Les réductions d'effectif sont déjà annoncées...

Une semaine après l'annonce des négociations, le mariage est officialisé. Il donnera naissance au numéro un des équipementiers télécoms devant Cisco. Les réductions d'effectif sont déjà annoncées...

Les choses n'ont pas traîné. Une semaine après l'annonce de discussions, Alcatel et Lucent officialisent ce dimanche leur fusion. Ou plutôt le rachat de l'américain par le français...

Rappelons que les deux groupes avaient déjà envisagé un mariage en 2001, avant l'éclatement de la bulle télécoms. Mais les discussions avaient échoué, Lucent se montrant réticent à l'idée d'être repris par Alcatel, qui était intéressé par ses fibres optiques.

Ce rapprochement de taille donnera naissance au numéro un mondial des équipements télécoms, juste devant l'américain Cisco.

Selon les termes de la transaction conclue dimanche, l'entente s'est faite au prix du marché, c'est-à-dire sans prime payée aux actionnaires par rapport à leurs cours de Bourse. Les actionnaires de Lucent recevront 0,1952 titre d'Alcatel American pour chaque action de Lucent. Concrètement, Alcatel devrait détenir environ 60% du capital et Lucent 40% du capital de la nouvelle société.

Le siège de la nouvelle entité sera à Paris. Un nouveau nom de société sera ultérieurement dévoilé.

«Cette fusion est le rapprochement stratégique de deux leaders établis de l'industrie des télécoms, qui ensemble deviendront le leader mondial de la convergence. Le principal objectif de cette fusion est de générer une croissance significative des revenus et des résultats en tirant parti des opportunités de marché dans les réseaux, services et applications de nouvelle génération, tout en réalisant d'importantes synergies» a déclaré Serge Tchuruk, Président-directeur général d'Alcatel qui deviendra Président non exécutif de la société commune.

21 milliards de dollars de revenus

Pour l'équipementier français, ce mariage lui ouvre aussi et surtout toutes grandes les portes du marché américain.

Patricia Russo, Président-directeur général de Lucent qui deviendra directeur général de la nouvelle société a ajouté : «La logique stratégique de cette transaction est incontestable. L'industrie des télécoms est au début d'une transformation majeure des réseaux, des applications et des services, qui devrait permettre d'offrir des services convergents pour les opérateurs et les entreprises, sur une gamme étendue de terminaux personnels. Elle représente des opportunités extraordinaires pour la société commune».

La capitalisation boursière de Lucent-Alcatel serait de plus de 28 milliards d'euros (18,35 milliards pour Alcatel et environ 10 milliards pour Lucent) pour un chiffre d'affaires annuel combiné de quelque 21 milliards d'euros. Cisco Systems a enregistré un chiffre d'affaires annuel de 20,04 milliards d'euros.

9 000 postes supprimés

Les deux groupes annoncent 1,4 milliard d'euros de synergies par an en année pleine au bout de trois ans, qui devraient se traduire par la réduction d'environ 10% de l'effectif global qui était de 88.000 salariés au 31 décembre 2005. Soit la bagatelle de près de 9.000 postes.

Concernant le dossier Thales, Alcatel souligne que la société commune restera «le partenaire industriel de Thales et un actionnaire clé aux côtés de l'Etat français».

«Le conseil d'administration d'Alcatel a par ailleurs émis un favorable à la poursuite des négociations avec Thales en vue d'un renforcement du partenariat actuel, qui se traduirait par l'apport de certains actifs et par une remontée au sein du capital de Thales», ajoute-t-il.

Le problème des retraites et de la défense

Outre le problème Thales, les retraités de Lucent pourraient également jouer les troubles fêtes. Ils ont estimé vendredi que le gouvernement américain ne devait pas approuver le projet de fusion avec le groupe français Alcatel s'il n'était pas assorti de garanties quant au maintien de leurs retraites.

«Personne ne souhaite qu'une entreprise étrangère prenne le contrôle d'un fonds de pension de 34 milliards de dollars - soit plus de deux fois la valeur marchande de Lucent - à moins que des garanties soient mises en place pour protéger les retraites et la couverture médicale de ses 235 000 retraités, et des personnes à leur charge», a déclaré Ken Raschke, président de l'Organisation des retraités de Lucent, dans un communiqué.

Enfin, les politique américains s'inquiètent que les activités militaires de Lucent passent sous pavillon français. En effet, les laboratoires Bell de Lucent assurent des contrats de défense sensibles avec le gouvernement américain, qui devront faire l'objet d'un dispositif de protection particulier vis-à-vis des investisseurs étrangers, estiment des analystes.