Red Barrels, Sabotage, Hexmind, Polymorph... Le Québec compte près de 200 studios de jeux vidéo indépendants. Ils ne font pas les manchettes mais sont des ambassadeurs hors pair sur la scène internationale, avec des succès comme OutlastThe Messenger ou Dead by Daylight. C'est vers eux que les projecteurs seront tournés à compter d'aujourd'hui pour la deuxième édition du Montréal Expo Gaming Arcade (MEGA), qui se tient au Marché Bonsecours.

230

Nombre de studios recensés au Québec, selon le plus récent décompte effectué en 2016 par l'organisme TechnoCompétences. Ils n'étaient qu'une centaine en 2012.

184

Nombre de studios comptant moins de 50 employés en 2016, soit 80 %. Il s'agit dans presque tous les cas de studios indépendants. Notons que les plus importants, comme Frima, Budge Studios et Behaviour, peuvent compter jusqu'à 450 employés. En date de la semaine dernière, la Guilde des développeurs de jeux indépendants du Québec comptait 156 membres, le plus gros regroupement de ce type au monde.

77 %

Proportion des studios québécois situés à Montréal, soit 177. Québec en compte 16 %, soit 37.

10 000

Nombre d'emplois associés au jeu vidéo au Québec en 2017. Salaire moyen : 64 000 $ par an, soit 20 000 $ de plus que la moyenne au Québec.

LES ORIGINES

Même si des pionniers comme Behaviour, Microïds et Softimage avaient déjà défriché le terrain, on attribue généralement l'explosion de l'industrie québécoise du jeu vidéo à l'arrivée d'Ubisoft en 1997. Bien des fondateurs de petits studios, comme Philippe Morin, de Red Barrels, y ont fait leurs classes. À Québec, ce sont des studios comme Beenox et Frima, fondés au début des années 2000, puis rejoints en 2005 par Ubisoft Québec, qui sont à l'origine de la prolifération de petits studios qui ont contribué à la revitalisation du quartier Saint-Roch.

VOIR PETIT

Martin Brouard a passé huit ans au studio de Québec Frima, qui compte 200 employés, avant de participer à la fondation de Sabotage Studio en avril 2016. Son parcours explique à merveille l'attrait du travail plus artisanal. 

« C'était vraiment le fun chez Frima, mais quand tu te passionnes pour un médium, tu te dis que tu aimerais faire les choses d'une autre manière, essayer des choses qu'on ne pourrait pas faire dans tel contexte. » 

Ainsi est né le jeu The Messenger, lancé le 30 août dernier et qui a été téléchargé sur Steam et Nintendo Switch 70 000 fois. Pour un petit studio de 13 personnes, avec le pari d'un jeu 8 bits un peu déjanté, il s'agit d'un beau succès, d'autant plus que les critiques ont été très élogieuses. 

« On visait les amateurs de jeux rétros, on savait qu'il y avait un marché-là, dit M. Brouard. Ce n'est pas le plus gros jeu au monde, mais c'est le jeu qu'on voulait faire. On a réussi. » 

« UN ESPRIT PUNK »

Le grand attrait des studios indépendants, comme leur nom le suggère, c'est la liberté créative. Pour Outlast, par exemple, M. Morin précise qu'on a glissé des allusions à la nécrophilie et à des souvenirs liés à des comportements pédophiles qu'il aurait été difficile d'intégrer dans un jeu commercial. L'autre argument, c'est la camaraderie et la polyvalence qu'entraîne le travail dans un petit studio.