La belle histoire du jeu vidéo québécois We Happy Few se poursuit. Lancé il y a deux ans avec un budget modeste par un studio indépendant, le projet a attiré cette semaine des investissements additionnels de 10 millions de dollars qui lui permettront même d'être vendu en magasin, aux côtés des superproductions internationales.

Le Fonds d'investissement de la culture et des communications (FICC) et l'éditeur américain Gearbox ont injecté cette semaine un total de 10 millions dans We Happy Few.

L'argent provenant de Gearbox, qui représente la majorité de cette somme, servira à la mise en marché du jeu, alors que celui du FICC permettra d'en achever le développement.

« Le budget de développement est maintenant 10 fois plus élevé que quand nous avons lancé le projet, il y a deux ans », s'est réjoui le fondateur du studio montréalais Compulsion Games, Guillaume Provost, dont l'équipe est passée de 6 à 40 personnes durant cette période.

We Happy Few se déroule dans un univers fantastique inspiré de l'Angleterre du milieu du siècle dernier.

Les habitants de la ville fictive de Wellington Wells consomment tous une drogue hallucinogène appelée Joy qui leur permet de vivre une vie heureuse en faisant fi de la déchéance totale de leur environnement. Ils vivent au milieu de l'horreur, mais grâce à cette drogue, ils ne perçoivent autour d'eux qu'un monde heureux. Le héros décide de cesser de consommer la Joy et devient par conséquent un ennemi de la société.

C'est la réponse très positive des amateurs aux premières présentations de We Happy Few, notamment lors du très important Electronic Entertainment Expo (E3) de juin 2016, qui a permis à Compulsion Games d'ainsi faire progresser son budget. On a, par exemple, réinvesti les sommes obtenues grâce à la vente d'accès à des versions préliminaires.

Parmi les modifications apportées au jeu tel qu'il avait été imaginé au départ, la version finale offrira un choix entre trois personnages principaux aux motivations distinctes. Les sommes additionnelles devraient aussi permettre d'intégrer plus de scènes scriptées et prenantes comme celle qui avait été montrée à l'E3 2016 et qui constitue environ les cinq premières minutes du jeu. Selon M. Provost, il s'agissait d'une demande répétée des joueurs ayant testé la version préliminaire du jeu.

Les détails exacts de l'entente d'édition entre Compulsion Games et Gearbox sont inconnus, mais M. Provost affirme qu'il s'agit « de la meilleure entente [qu'il a] vue de [sa] vie ». Elle assure entre autres que la propriété intellectuelle du jeu reste entre les mains de Compulsion Games et devrait permettre à la jeune entreprise montréalaise de récupérer rapidement ses coûts.

CONTRE LES GRANDS

Fait rare pour un jeu indépendant, We Happy Few sera offert en copies physiques vendues en magasin, lors de son lancement en avril 2018. Celles-ci devraient être vendues au même prix que des superproductions comme Assassin's Creed ou Call of Duty, avec lesquelles elles devront rivaliser malgré un budget nettement moins élevé.

« Nous nous positionnons dans notre propre créneau, explique M. Provost. Notre jeu n'aura pas autant de fioritures qu'un Assassin's Creed, mais il comble un besoin pour des gens qui cherchent ce type d'expérience. Pour eux, ça va valoir les 60 $. »

Photo Robert Skinner, Archives La Presse

Guillaume Provost, fondateur du studio montréalais Compulsion Games, indique que le « budget de développement est maintenant 10 fois plus élevé » que lorsque le projet a été lancé il y a deux ans.