À côté des productions à gros budget, les jeux vidéo indépendants, réalisés par des équipes plus petites et pour des coûts très inférieurs, émergent sur les consoles, après avoir fait leur trou sur d'autres supports comme les appareils mobiles.

Face aux superproductions dont le tarif peut atteindre 70 euros, ces jeux affichent le plus souvent un prix de quelques euros, quand ils ne sont pas simplement gratuits.

Conscients de l'attrait pour cette nouvelle frange de titres, qui se démarque par sa créativité, les constructeurs Microsoft et Sony en ont fait un axe important de leur communication pour les nouvelles machines Xbox One et PlayStation 4, commercialisées ces jours-ci en Europe et en Amérique du Nord.

«La nécessité de proposer des jeux indépendants répond à leur présence sur d'autres plateformes. Ils remportent un succès significatif et il ne faut pas, pour les constructeurs, se couper de ce segment», relève Laurent Michaud, directeur d'études responsable du jeu vidéo à l'Idate (groupe de réflexion spécialisé dans l'économie numérique et l'internet).

Jusqu'à récemment, ces jeux, distribués le plus souvent de façon dématérialisée, existaient principalement sur des plateformes de distribution pour ordinateur comme Steam ou sur les tablettes et téléphones intelligents.

Après des débuts timides sur consoles, et quelques succès comme «Journey» ou «Braid» sur les actuelles PlayStation 3 et Xbox 360, les constructeurs entendent désormais enrichir leur offre en la matière.

«Nous allons continuer à offrir des jeux 'AAA' sur PlayStation 4. Mais nous allons aussi pousser les feux sur les jeux indépendants. Nous savons très bien que les joueurs n'achèteront pas une console uniquement pour les jeux indépendants, mais ils peuvent apporter une fraîcheur qui bénéficie finalement à tout le monde», explique à l'AFP Jim Ryan, président de Sony Computer Entertainment Europe.

Plus facilement rentables

Microsoft ne dit pas autre chose, mais prendra davantage son temps puisque ces petits jeux ne seront pas disponibles avant le début de l'année 2014.

«Avec la Xbox One, tout le monde pourra à terme se lancer dans le développement de jeux. En effet, la console vendue dans le commerce pourra prochainement faire office de kit de développement accessible à tous», précise Hugues Ouvrard, directeur de Xbox France.

La façon de réaliser de tels jeux a toutefois évolué au fil du temps. Nés avec l'informatique, ils ont en premier lieu été le fruit du travail d'amateurs isolés, faisant naître l'image du développeur dans son garage. Désormais, ce sont aussi des personnes chevronnées qui se cachent derrière eux.

«Dans notre équipe, nous avons tous d'abord travaillé pour des gros éditeurs. La plupart d'entre nous en sont ensuite partis pour pouvoir réaliser des projets plus personnels et échapper à la contrainte de devoir réaliser des jeux sur commande», souligne auprès de l'AFP un développeur d'un studio français ayant requis l'anonymat.

«On sait très bien qu'on ne fera pas un milliard de dollars de chiffre d'affaires en trois jours comme 'Grand Theft Auto V' mais notre mode de fonctionnement, en petite équipe, nous permet d'être plus facilement rentables, même si nos jeux coûtent quelques euros», ajoute-t-il.

Reste la difficulté à se démarquer au milieu du flot désormais très important de productions indépendantes.

«Pour remédier à cela, une solution peut être de s'adosser à un gros éditeur. Mais, le risque, c'est finalement de perdre la main sur la création», fait valoir le développeur.