Conduire une Formule 1 ou venir à bout d'un gang est chose courante pour les accros des jeux vidéo. Ils vont désormais pouvoir relever un défi d'une toute autre nature: tenter de sauver la Terre des effets du réchauffement dans un jeu basé sur des données scientifiques, Le Destin du monde.

«Vous dirigez la planète pendant 200 ans, et vous la sauvez ou vous la détruisez» en décidant des politiques environnementales, économiques et sociales, résume l'inventeur du jeu, le Britannique Gobion Rowlands.

Le joueur est bombardé directeur de l'Organisation internationale de l'environnement (OIE) et a entre ses mains Le Destin du monde, en référence au nom du jeu.

Il peut choisir d'interdire l'exploitation de la forêt en Amazonie, passer au tout électrique pour les transports en commun en Europe ou encore imposer une politique de l'enfant unique par famille dans toute l'Asie.

Mais il faut prendre en compte tous les paramètres: si vous décidez de réduire la natalité pour protéger les ressources naturelles, la main d'oeuvre pourrait manquer, l'âge de la retraite être repoussé à 80 ans et le peuple se rebeller contre l'organisation.

Le joueur voit l'impact de ses décisions par bond de cinq ans: l'orang-outan est préservé, la température sur Terre baisse d'un degré, ou alors une partie de l'Europe est inondée, tandis que la guerre fait rage en Afrique en raison de mauvaises récoltes. Vous avez les cartes en main et pouvez revoir vos politiques, quitte à choisir l'apocalypse.

«Les gens apprendront autant sur le sujet en détruisant le monde qu'en le sauvant», estime Gobion Rowlands, qui préside à 35 ans la société de jeux vidéo Red Redemption.

«Le Destin du monde est basé autant que possible sur ce qui est susceptible de se passer dans les 200 prochaines années en terme de changement climatique et de population», explique-t-il à l'AFP depuis son bureau d'Oxford, dans le sud de l'Angleterre, où planchent une quinzaine de personnes.

Il a été conçu à partir de projections scientifiques, économiques et démographiques de la Nasa, des Nations unies ou encore de l'université d'Oxford. Il a été développé en collaboration avec des universitaires travaillant sous la direction d'un spécialiste du changement climatique, Myles Allen, de l'université d'Oxford.

Ce jeu «permet d'expérimenter le genre de décisions auxquelles nous risquons d'être confrontés et on voit qu'il n'y a pas de réponses faciles», estime Myles Allen.

Le Destin du monde (Fate of the world) est une version beaucoup plus complexe d'un jeu à succès, créé par Red Redemption en 2007 pour le site internet de la BBC, et qui se focalisait uniquement sur le continent européen.

Malgré son graphisme sommaire, ce jeu pédagogique, qui se démarque des traditionnels jeux vidéo à la violence souvent gratuite, a reçu un accueil très positif des organisations de défense de l'environnement, partenaires du projet.

Il «peut nous permettre de toucher un nouveau public», se réjouit Ged Barker, chargé d'environnement pour l'organisation Oxfam. «Les joueurs apprendront sur le changement climatique sans avoir à lire des tonnes de documents qu'ils pourraient trouver ennuyeux.»

Mais la collaboration de Red Redemptionn, qui produit là son cinquième jeu, et des ONG pourrait aller plus loin. Gobion Rowlands est en train de négocier avec elles pour qu'une partie des ventes de son jeu leur soit reversée.

Une version bêta du jeu est déjà disponible sur internet, et la version finale sera lancée début février en anglais. Pour les versions françaises, espagnoles et allemandes, les fans de jeux devront attendre mars.