Netflix a confirmé avoir retiré de sa plateforme en Arabie saoudite, à la demande de Riyad, l'épisode d'une émission satirique critiquant le royaume, une décision ayant entraîné des accusations de censure.

Dans cet épisode de « Patriot Act with Hasan Minhaj », l'humoriste et commentateur politique américain parlait du meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi et critiquait le prince héritier Mohammed ben Salmane, surnommé « MBS », ainsi que la campagne militaire menée par l'Arabie au Yémen.

« C'est le moment de réévaluer notre relation avec l'Arabie saoudite », y dit M. Minhaj. « Il y a des gens en Arabie saoudite qui luttent pour de vraies réformes, mais MBS n'est pas l'un d'eux », ajoute-t-il.

Netflix a confirmé à l'AFP cette information initialement publiée mardi par le Financial Times.  

« Nous appuyons fortement la liberté artistique à travers le monde et avons seulement retiré cet épisode en Arabie saoudite après avoir reçu une requête légale valide et pour nous conformer à la législation locale », écrit un porte-parole de la plateforme.  

Et le géant du streaming de préciser le contenu de la requête de l'autorité saoudienne des télécommunications, qui cite un article de loi contre les cybercrimes.

Selon Netflix, cet article stipule que « la production, préparation, transmission ou conservation de matériel qui empiète sur l'ordre public, les valeurs religieuses, les moeurs publiques et la vie privée, via le réseau télévisé ou informatique », est un crime passible de cinq ans de prison et d'une amende n'excédant pas trois millions de riyals saoudiens (800 000 dollars).

Contacté par l'AFP, le ministère saoudien de l'Information n'avait pas répondu dans l'immédiat.

Karen Attiah, qui éditait les contributions au Washington Post de Jamal Khashoggi, a qualifié la position de Netflix de « scandaleuse », et de nombreux internautes criaient à la censure sur Twitter.

M. Khashoggi a été assassiné dans le consulat de son pays à Istanbul début octobre. Ce meurtre, d'abord nié puis reconnu par Riyad, a embarrassé au plus haut niveau le royaume, d'autant plus que la responsabilité de Mohammed ben Salmane a été évoquée dans cette affaire en Turquie et aux États-Unis.