Deux États américains enquêtent sur une éventuelle entente entre les grandes maisons de disque pour limiter la concurrence dans le secteur en plein essor de la musique en ligne en streaming, pour lequel Apple vient d'annoncer une nouvelle offre.

Un avocat d'Universal Music Group (groupe Vivendi), la plus grande des trois majors mondiales du disque, indique que les ministres de la Justice des États de New York et du Connecticut «mènent une enquête commune sur le secteur de la musique en streaming», écoutée directement en flux en ligne sans téléchargement préalable, dans une lettre rendue publique par le ministère new-yorkais.

L'enquête, qui semble en être à ses débuts, «porte sur la question de savoir si des acteurs de l'industrie musicale cherchent à agir de manière collusoire pour restreindre la concurrence entre les services de musique en streaming, en particulier en s'entendant pour supprimer la possibilité pour les consommateurs d'avoir des services de streaming de musique à la demande gratuits, financés par la publicité, comme ceux proposés par Spotify et YouTube» (filiale du géant internet Google), ajoute l'avocat, D. Bruce Hoffman.

Il dément qu'Universal ait conclu de quelconques accords avec les deux autres grandes maisons de disques, Sony Music et Warner Music, ou avec Apple en vue de gêner des services de streaming gratuits ou d'arrêter d'accorder des licences de diffusion à des sociétés particulières. La lettre précise toutefois qu'Universal se réserve le droit de fournir des exclusivités à des services de streaming.

Apple, qui a présenté lundi une nouvelle plateforme de musique en streaming avec un démarrage fixé au 30 juin, n'a pas donné de détails sur ses relations avec les maisons de disques, mais plusieurs médias ont fait état de difficiles négociations de dernière minute avec elles.

Plusieurs hauts responsables de l'industrie musicale et des artistes, à commencer par la chanteuse américaine Taylor Swift, ont critiqué le suédois Spotify, leader mondial du streaming de musique à la demande, pour son offre gratuite et financée par la publicité, choisie par la majorité de ses utilisateurs plutôt que l'offre sans publicité sur abonnement payant (qui coûte 9,99 dollars par mois aux États-Unis).

Spotify paye toutefois les maisons de disques pour leur musique: il a dit leur avoir reversé 3 milliards de dollars de redevances depuis son lancement en 2008, dont 300 millions au premier trimestre 2015, semblant indiquer une forte croissance de ses paiements parallèlement à l'expansion du service.

Le groupe suédois a révélé mercredi que son nombre d'utilisateurs avait presque doublé en un an pour atteindre actuellement 75 millions d'utilisateurs actifs, dont 20 millions d'abonnés payants.