Le service américain de vidéo en ligne Netflix a annoncé mercredi son arrivée très attendue en France «fin 2014», dans le cadre d'une expansion de grande ampleur en Europe où il va se lancer dans 6 nouveaux pays au total.

Cette arrivée soulève des questions en France, notamment en raison de son impact possible sur le secteur du cinéma, largement financé par les groupes de télévisions qui pourraient souffrir de l'effet Netflix.

Le groupe, qui dispose d'un abondant catalogue de séries télévisées, mais produit aussi des programmes originaux comme la série politique «House of Cards», va s'attaquer aux marchés francophones et germanophones, en proposant également ses services en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne et en Autriche, a-t-il précisé dans un communiqué.

«Dès le lancement, les utilisateurs d'internet à haut débit dans ces pays pourront s'abonner à Netflix et regarder instantanément une vaste sélection de séries télévisées et de films hollywoodiens, locaux et mondiaux, y compris des séries originales (...), où et quand ils voudront, sur des téléviseurs, des tablettes, des téléphones, des consoles de jeux et des ordinateurs», a promis le groupe américain.

Il ne détaille pas ses modalités de lancement. Mais le journal français Le Figaro affirmait mardi que l'arrivée en France était prévue pour mi-septembre, avec un prix mensuel fixé à moins de 10 euros et une série originale en préparation se déroulant à Marseille, dans le sud de la France.

En échange d'un abonnement mensuel, Netflix permet aux internautes de regarder en «streaming» (flux sans téléchargement) une importante sélection de films et de séries télévisées. Il commence aussi à proposer quelques séries originales rivalisant pour certaines avec celles des chaînes traditionnelles. L'une des plus remarquées a été «House of Cards», dont la première saison avait été mise en ligne début 2013. Elle a valu un Golden Globe aux États-Unis à l'actrice Robin Wright pour son rôle d'épouse d'un machiavélique homme politique américain joué par Kevin Spacey.

Le monde du cinéma inquiet

Netflix promet d'élargir nettement l'offre de vidéo en ligne à la demande pour les consommateurs, mais il fait parallèlement très peur en France au milieu de l'audiovisuel et surtout du cinéma.

Ces derniers craignent de perdre des rentrées d'argent importantes si leur principal financeur, le groupe Canal+, perd des abonnés et réduit en conséquence ses contributions à la création qui sont proportionnelles à son chiffre d'affaires.

Le gouvernement français, avec lequel Netflix négocie depuis des mois, a beaucoup insisté sur la nécessité pour le groupe américain de respecter les mêmes obligations de financement et de quotas d'oeuvres françaises que les chaînes de télévision et les services existants de médias audiovisuels à la demande.

Selon Le Figaro, Netflix contournerait ces contraintes en opérant depuis le Luxembourg, où il a jusqu'ici son siège européen. Le premier ministre du Grand-Duché, Xavier Bettel, a indiqué mardi avoir été informé par la société de son intention de transférer ses quartiers généraux aux Pays-Bas début 2015.

Les futurs concurrents de Netflix crient déjà à la concurrence déloyale, soulignant que le géant américain échappera ainsi à de nombreuses contraintes réglementaires, mais aussi aux taxes auxquelles ils sont assujettis.

Côté catalogue, Netflix se heurtera en outre au système français de la chronologie des films, particulièrement protecteur en France, par lequel des films ne peuvent être proposés en vidéo à la demande sur abonnement que 36 mois après leur sortie en salle.

Netflix avait lancé son premier service de vidéo en streaming en 2007 aux États-Unis, mais sa croissance a explosé ces dernières années pour en faire l'un des premiers sites de vidéo en ligne dans le monde: il revendique un total de plus de 48 millions d'abonnés dans plus de 40 pays.

Il est notamment présent en Amérique latine et a beaucoup investi ces dernières années en Europe, où il s'est lancé en 2012 au Royaume-Uni, en Irlande, au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède, puis en 2013 aux Pays-Bas.

Le service coûte pour l'instant 7,99 dollars aux États-Unis où le groupe compte le plus grand nombre d'abonnés (35 millions), mais Netflix avait annoncé le mois dernier «une augmentation d'un dollar ou deux selon les pays» d'ici fin juin.