Rappel à l'ordre européen sur la confidentialité des données, mauvais résultats publiés par erreur en avance et causant l'effondrement du titre en Bourse, la semaine mouvementée de Google s'achève sur un bras de fer avec le gouvernement français concernant un projet de taxe sur les moteurs de recherche.

À l'issue d'une réunion au ministère de l'Économie numérique vendredi avec des membres du cabinet - notamment le directeur - de Fleur Pellerin, Google a déclaré que le projet de taxation des moteurs de recherche «tel que poussé en France par certains éditeurs de presse serait néfaste pour internet et pour les internautes».

La veille, Google avait fait monter la pression en menaçant de ne plus référencer les médias français - c'est-à-dire de ne plus afficher les liens renvoyant vers leurs sites - si une telle taxe devait voir le jour.

Le directeur des relations institutionnelles de Google France, Olivier Esper, a cependant ajouté que le géant de l'internet avait «surtout insisté sur (son) souhait de prolonger la collaboration avec les éditeurs de presse français» lors de cette réunion.

Vendredi matin, Mme Pellerin, en déplacement à Berlin, avait elle aussi insisté , auprès de l'AFP, sur son souhait de voir s'établir une «discussion constructive entre les éditeurs de presse et Google».

Cette rétribution releverait des droits voisins du droit d'auteur pour l'utilisation indirecte de contenus, ce que Google refuse. Et il a les moyens d'imposer son point de vue.

L'an dernier en effet, Google a cessé de référencer les sites de journaux belges pendant trois jours en représailles aux demandes de rétribution des éditeurs, qui avaient obtenu satisfaction en justice. Il ne les a de nouveau référencés qu'une fois que les éditeurs eurent jeté l'éponge.

Un projet de loi similaire a depuis été adopté par le gouvernement allemand, fin août.

La partie n'est pas gagnée non plus en ce qui concerne la confidentialité des données.

Google traîne des pieds face aux exigences du G29, organisme regroupant les 27 autorités européennes de protection des données dont la Commission nationale de l'informatique et des libertés française (Cnil).

Mandatée pour analyser les nouvelles règles de confidentialité de Google en vigueur depuis le 1er mars, elle a donné mardi «trois ou quatre mois» au géant américain pour se conformer à la directive Informatique et Libertés afin d'éviter des sanctions.

Gaffe de l'imprimeur

Google a répété sa position, identique depuis des mois: «Nous sommes confiants dans le fait que nos politiques de confidentialité respectent la loi européenne».

Les péripéties de Google avec l'Union européenne ne datent pas d'hier: la Commission européenne mène aussi depuis novembre 2010 une enquête pour abus de position dominante.

La Commission lui reproche notamment de mettre en avant dans ses liens ses propres moteurs de recherche verticale, c'est-à-dire spécialisés dans un domaine précis comme les voyages ou les restaurants, afin de leur assurer un «traitement préférentiel» par rapport aux autres moteurs spécialisés.

Les sanctions infligées par Bruxelles dans ce type de cas peuvent atteindre jusqu'à 10% du chiffre d'affaires.

Le patron-fondateur de Hot-Map.com, un concurrent de Google Maps, a lancé un appel vendredi dans un encart publié dans la presse, affirmant que le géant américain «lui a pris ses clients» avec une politique de prix agressive et du «favoritisme» envers ses propres services de cartographie.

Mais le coup le plus rude de la semaine est venu de ses propres rangs: une gaffe de son imprimeur a entraîné la divulgation prématurée, avec trois heures d'avance et en pleine séance boursière à New York, de ses résultats du troisième trimestre, beaucoup plus mauvais que prévu.

Le bénéfice net s'est effondré de 20% à 2,17 milliards de dollars, soit seulement 9,03 dollars par action (ajusté) contre 10,65 dollars attendus par les analystes.

La sanction des marchés a été immédiate: le titre a dévissé, perdant jusqu'à plus de 10%, sa cotation a été suspendue pendant 2H30 et environ 20 milliards de dollars de capitalisation se sont volatilisés.

Pis, Google a perdu sa place de deuxième capitalisation technologique au monde, ravie le 1er octobre à Microsoft.