La commission fédérale du Commerce américain (FTC) a annoncé jeudi un accord avec le groupe internet Google, qui va payer une amende de 22,5 millions pour solder des poursuites liées à la surveillance des utilisateurs du navigateur internet d'Apple, Safari.

À l'échelle de Google, qui a publié le mois dernier un bénéfice trimestriel de 2,8 milliards de dollars, il s'agit d'une pénalité modeste, mais la FTC a souligné qu'elle représentait en ce qui la concerne un montant record.

Selon la FTC, Google avait laissé entendre aux internautes, à tort, qu'il n'installerait pas de «cookies», des petits logiciels espions, ou ne leur présenterait pas de publicités ciblées.

Le Wall Street Journal avait affirmé en février que Google et d'autres entreprises de publicité utilisaient des codes de programmation spéciaux, cachés dans les commandes de Safari, pour surveiller et enregistrer les habitudes de navigation sur internet des utilisateurs du logiciel, en contournant les préférences des utilisateurs qui avaient activé une fonction visant à bloquer les «cookies».

«En plus de l'amende civile, la décision (de la FTC) exige aussi que Google désactive tous les cookies qu'il ne devait pas installer sur les ordinateurs des internautes», a précisé l'agence gouvernementale, qui a relevé qu'elle avait débuté son enquête bien avant qu'apparaissent des informations de presse.

«Qu'elles soient grandes ou petites, toutes les sociétés doivent respecter les décisions de la FTC et garder les promesses de confidentialité faites aux consommateurs, ou elles finiront par payer beaucoup plus que ce que leur aurait coûté le respect» des règles, a commenté le président de la FTC Jon Leibowitz.

La FTC a indiqué que cet accord ne signifiait pas reconnaissance de ses torts par Google - une exigence «qui ne nous apporte rien d'un point de vue juridique», a fait valoir un de ses responsables lors d'une téléconférence.

Dans un communiqué, le groupe californien a noté que «la FTC se concentrait sur une page d'aide de 2009, publiée plus de deux ans avant (des engagements pris par Google en termes de confidentialité), et un an avant qu'Apple change sa politique sur les cookies».

«Nous avons modifié cette page et pris des mesures pour retirer des navigateurs Apple les cookies publicitaires, qui ne contenaient pas d'informations personnelles», a ajouté Google.

Ce n'est pas la première fois que Google est épinglé sur le thème de la confidentialité, ce qui conduit certains à s'interroger sur la sincérité de ses engagements à respecter la vie privée de ses utilisateurs.

«Pour nous, il est troublant que Google dise qu'il ne savait pas», a déclaré le directeur du bureau de protection des consommateurs à la FTC, David Vladeck.

«En tant que régulateur, il est difficile de savoir ce qui est pire comme réponse, "ah! je ne savais pas", ou "je l'ai fait délibérément", a-t-il ajouté.

Évoquant la polémique provoquée par l'interception de données privées par les voitures participant au service de cartes de Google, M. Vladeck a rappelé: «la réponse pour Street View c'était "on ne se rendait pas compte de ce qui se passait", ici la réponse, c'est "on ne savait pas". Mais une entreprise comme Google qui stocke des informations personnelles de centaines de millions de personnes doit mieux faire», a-t-il dit.

La FTC a aussi souligné que l'amende infligée ne visait pas à sanctionner la collecte de données en soi, mais l'information fournie aux internautes qui ont été induits en erreur.

James Kohm, responsable des enquêtes de la FTC, a indiqué que Google avait jusqu'à février 2014 pour supprimer tous les cookies en cause, le temps que tous les sites abritant ces logiciels soient visités par des internautes.