Avec ses 800 millions d'utilisateurs, Facebook écrase la concurrence. De Friendster à Anybeat (l'ex-Altly) en passant par Diaspora, on a vu plus d'un nouveau concurrent disparaître dans l'ombre du géant. Qu'à cela ne tienne: Hibe, tout nouveau réseau social créé à Montréal, pense avoir trouvé une formule durable.

Facebook semble destiné à des échanges triviaux entre amis et anciens voisins de casier, tandis que LinkedIn semble se nicher dans la recherche ou l'offre d'emploi. Hibe propose de réunir toutes ces facettes de la vie d'un utilisateur en un seul compte, divisible selon le contexte.

Jean Dobey, créateur de Hibe, appelle ça des «booklets», ou des livrets. On peut créer un livret pour interagir avec sa famille, un autre pour les amis, un pour les relations professionnelles... «C'est la socialisation mise en contexte», explique-t-il, faisant la comparaison avec les fameux «cercles» de relations que propose Google +.

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«Google a pris le même concept de base pour son réseau social, mais il s'en va dans une direction complètement différente. Google" s'attaque directement à Facebook, pas nous.»

C'est son modèle d'affaires qui démarque Hibe des géants actuellement en place: pas de publicité, ni de ciblage des champs d'intérêts et des activités de ses utilisateurs. L'entreprise espère plutôt générer des revenus d'éventuelles applications tierces, comme des jeux. En attendant, le site vit du financement obtenu dans une vie antérieure, alors que l'entreprise s'appelait Shopmedia.

Jean Dobey pense qu'un haut degré de confidentialité peut aussi se monnayer du côté des entreprises. «On veut vraiment prendre suffisamment soin de la vie privée de nos utilisateurs pour permettre à des médecins d'y tenir des échanges avec des patients, par exemple.»

Cette formule pourrait plaire aux entreprises voulant reproduire leur structure organisationnelle à même le site, facilitant l'échange d'information. Si c'est le cas, Hibe leur facturera le service. «On pense pouvoir mieux cibler ce type de besoins que LinkedIn», assure M. Dobey.

Avec un peu de chance, Hibe tombera à point dans un monde des affaires où le courriel est en décote. La semaine dernière, la société française Atos a annoncé l'abandon progressif du courriel par ses 74 000 employés, au profit d'un outil de communication s'apparentant à Facebook. Thierry Breton, PDG de l'entreprise, estime que 90% des courriels échangés au sein de son entreprise sont soit des pourriels, soit inutiles.

Objectif: 2012

Le souci de la confidentialité des utilisateurs explique pourquoi M. Dobey et son équipe procèdent à une mise en service graduelle du site, qui ne compte que quelque 2500 inscriptions à ce jour. Lancé en bêta privé en avril, Hibe a ouvert ses portes au public le 1er décembre dernier et n'offre pour le moment aucun outil d'importation des contacts provenant d'autres sources.

Ça risque de changer au début de 2012. Le site montréalais compte non seulement faciliter la migration de Facebook ou LinkedIn, mais aussi intégrer la publication en simultanée sur son site et sur celui de ses rivaux. Hibe se déclinera également en version mobile. C'est crucial; le mobile compte actuellement pour 44% des accès à Facebook, générant le tiers de sa fréquentation.

Hibe sera outillé pour en découdre avec les plus grands en misant sur leurs faiblesses: une confidentialité éméchée et une forte rivalité. «C'est une guerre de tranchées entre Google, Facebook, LinkedIn et les autres. On espère se distinguer en chevauchant tous ces créneaux à la fois», conclut M. Dobey.