Trois des principaux quotidiens suédois ont annoncé mardi des changements techniques visant à éviter que leurs sites ne soient utilisés par des internautes anonymes pour exprimer des opinions racistes ou haineuses.

Le besoin de mieux canaliser les opinions exprimées s'est fait ressentir avec plus d'acuité depuis la double attaque menée par un extrémiste de droite qui a fait 77 morts en Norvège, a commenté le rédacteur-en-chef d'Aftonbladet, Jan Helin.

«On ne peut pas rester insensible à un tel événement», a-t-il expliqué, tout en précisant que cette mesure était à l'étude depuis le printemps.

De tendance social-démocrate, Aftonbladet, contrôlé par le groupe de médias norvégien Schibsted, et l'autre tabloïd suédois, Expressen (libéral), ont choisi de demander aux internautes de s'identifier au préalable via un compte Facebook ou autre.

Dagens Nyheter (DN, libéral) a, lui, rendu impossible tout commentaire sur son site en attendant de passer, à la mi-octobre, à une solution du même genre.

«L'idéal serait un débat libre et ouvert ne nécessitant pas de modérateur. Hélas, la réalité est différente et les espaces de commentaire sont exploités par un petit groupe de personnes qui font notamment passer leurs opinions racistes», a commenté Björn Hedensjö, le chef du site de DN.

Les réactions à cette mesure n'étaient pas toutes positives, comme l'a constaté le rédacteur-en-chef d'Expressen lors d'un clavardage organisé mardi sur son site avec des internautes.

«Tout le monde doit pouvoir s'exprimer (...) qu'il soit communiste ou nationaliste», a réagi une personne se cachant derrière le pseudonyme «Mjaa».

«Cette nouvelle politique ne va-t-elle pas permettre à des forums moins sérieux de prendre de l'importance?», a demandé «Pastor Brutus».

En annonçant leurs décisions respectives, les journaux ont insisté ne pas vouloir censurer internet ni interdire le recours à l'anonymat.

Le 11 août, Verdens Gang, un des principaux quotidiens norvégiens, avait déjà instauré un système n'autorisant que les commentaires laissés par des internautes enregistrés via leur compte Facebook. Il avait admis que sa solution n'était pas sans faille, tout le monde n'ayant pas un compte Facebook et certains profils sur cet espace étant des faux.

Le nombre de commentaires avait ensuite baissé de 10%-15%, «mais la tonalité des débats est devenue toute autre», note Aftonbladet pour justifier sa propre décision.

Expressen et DN sont la propriété de Bonnier, le plus grand groupe suédois de médias et d'édition.