L'organisme PointQuébec, qui fait pression depuis quatre ans auprès de l'ICANN, l'autorité régissant les noms de sites sur internet, est plus enthousiaste que jamais face à la création du domaine .quebec. Si tout va comme prévu, les internautes québécois pourront créer des adresses internet avec ce suffixe dès la fin de 2012.

«Nous comptons soumettre le projet de création du domaine .quebec en avril, pour une activation à la fin de 2012 ou, au plus tard, au début de 2013. Les chances que ça se réalise sont très bonnes», confie à La Presse Affaires Normand Fortier, responsable de PointQuébec, organisme à but non lucratif qui fait la promotion du .quebec depuis 2007. Il établit «à 99%» les chances qu'il soit enfin créé.

M. Fortier participe à l'assemblée publique que l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, ou ICANN, tient à Singapour depuis le début de la semaine. Lundi dernier, l'ICANN a annoncé qu'elle comptait ouvrir les vannes pour de nouveaux domaines de premier niveau, des suffixes qui s'ajouteront aux .com, .org et autres .ca. Ces nouveaux noms de domaines pourraient inclure des termes aussi variés que .ibm, .paris et .web.

Pour limiter les demandes, l'ICANN impose toutefois des frais de soumission qui s'élèvent à 185 000$, plus 75 000$ additionnels pour assurer sa gestion au cours des trois années suivantes. Pour pouvoir soumettre son projet à l'ICANN, PointQuébec procédera d'ailleurs à une campagne de financement cet été.

Bon pour le Québec inc.

Pour des sociétés privées comme Coca-Cola, IBM ou Nike, pressenties pour proposer leur propre nom d'entreprise comme suffixe, cette somme représente une bagatelle. Pour le Québec inc. aussi, soutient Pierre-Emmanuel Moyse, spécialiste en propriété intellectuelle et professeur adjoint à la faculté de droit de l'Université McGill, à Montréal. «Ce n'est pas cher, pour une empreinte géographique qui permettra de rayonner partout sur la Toile. Des entreprises paient jusqu'à 100 000$ simplement pour réserver l'adresse associée à un nouveau produit. Là, elles pourront acheter une adresse se terminant par .quebec pour une fraction de ce prix.»

Ça ne risque pas d'affecter le rayonnement d'une entreprise ayant déjà son adresse internet, les moteurs de recherche aidant à les trouver efficacement, nuance M. Moyse. Celles n'ayant pas déjà pignon sur web auront simplement une option de plus lorsque viendra le temps d'enregistrer leur propre adresse web.

«Ç'a aura pour effet de réduire la pression sur les domaines déjà existants, comme le .com et, donc, le coût d'acquisition d'une nouvelle adresse. C'est ce qui risque d'attirer des nouvelles entreprises, et peut-être même des organismes publics provinciaux, à soutenir ce projet.»

Projet nécessaire

Normand Fortier ajoute que le .quebec est devenu nécessaire depuis que l'Autorité canadienne pour les enregistrements internet (ACEI) a cessé d'enregistrer les domaines se terminant par .qc.ca, l'automne dernier.

«Pour certaines entreprises, c'est une forme de branding. Ça les distinguera de la concurrence, lorsque viendra le temps de faire des affaires dans certains pays, comme la Chine», conclut-il.