La présente campagne électorale est la première qui soit véritablement 2.0 et pourtant, un article de la Loi électorale canadienne nous empêchera de vivre pleinement la soirée électorale sur Twitter et Facebook.

En effet, l'article 329 interdit de diffuser ou de transmettre des résultats avant la fermeture de TOUS les bureaux de vote au pays. Or il sera 22 h au Québec lorsque les bureaux de vote fermeront en Colombie-Britannique, à 19h. Ça commence à faire tard pour commenter les résultats sur Twitter et Facebook. Au bureau d'Élections Canada, on rappelle le cas du blogueur des Maritimes Paul Bryan qui avait diffusé des résultats alors que les électeurs de l'ouest du pays votaient encore. À l'époque, en 2000, il s'était vu imposer une amende de 1000$. Sa cause, qui s'était rendue jusqu'en Cour suprême, avait été déboutée, les juges statuant que l'article 329 ne contrevenait pas à la liberté d'expression du blogueur. Avec l'évolution et la popularité de Twitter et Facebook, bien des gens trouvent cet article de loi complètement dépassé. Du côté d'Élections Canada, on rappelle que c'est au législateur de modifier la loi et non à Élections Canada. «Je pense que les parlementaires sont au courant de la grogne chez les gens», note John Enright, le porte-parole de l'organisme fédéral.

Les utilisateurs de Twitter vont-ils violer l'article 329? C'est ce que souhaitent les créateurs de la page Tweettheresults.ca qui ont également créé le mot-clé #Tweettheresults, sur Twitter. Sur leur page, ils expliquent qu'ils ne diffuseront pas les résultats eux-mêmes mais qu'ils joueront plutôt un rôle de curateur auprès de ceux qui défieront l'article 329 en utilisant le mot-clé. De son côté, Élections Canada n'a pas l'intention de mener une enquête ou de surveiller les fils Twitter et les pages Facebook durant la soirée électorale. «Il faudrait que quelqu'un porte plainte pour que le commissaire aux électeurs fasse enquête», note le porte-parole.

ncollard@lapresse.ca Twitter : @NathalieCollard