Un tribunal suisse a annoncé lundi que Google avait l'obligation de flouter les visages et les plaques d'immatriculation des véhicules photographiés pour son service internet Street View.

Dans un arrêt daté de mercredi, le tribunal administratif fédéral (TAF) a estimé que le groupe internet américain devait «veiller à ce que tous les visages et plaques de contrôle soient rendus méconnaissables avant la publication des images sur internet».

«Chacun a le droit à sa propre image» et «en principe, il est interdit de photographier quiconque sans son approbation», a rappelé le tribunal, selon lequel Google doit aussi veiller à «garantir» l'anonymat des personnes photographiées devant des «installations sensibles».

Cette décision du TAF, qui peut être contestée devant le tribunal fédéral dans un ultime recours, ne visait aucunement à «interdire entièrement Google Street View, mais simplement de ne publier sur internet que des images rendues méconnaissables ou de ne pouvoir en disposer sans avoir obtenu l'assentiment des personnes concernées», a précisé le tribunal.

Peter Fleischer, chargé des questions de confidentialité chez Google, a indiqué que le géant américain allait «étudier les motifs du jugement et examiner ses implications pour Street View en Suisse et les possibilités de faire appel».

«Nous sommes naturellement très déçus par cette décision», a-t-il souligné dans un communiqué, ajoutant que Street View avait «prouvé son utilité pour des millions de Suisses ainsi que pour des entreprises et des organisations touristiques».

Lancé en 2007, Google Street View fournit des vues panoramiques en trois dimensions de rues, permettant aux usagers de s'y déplacer virtuellement, mais ce service a déclenché une série de polémiques dans plusieurs pays.

En mai 2010, Google avait reconnu que les voitures («Google cars») parcourant pour son compte les rues pour prendre des photos avaient collecté par inadvertance des données personnelles transmises par Wi-Fi dans la rue.

En France, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a annoncé le 21 mars avoir infligé une amende de 100 000 euros (environ 140 000 dollars canadiens) à Google pour avoir collecté des données privées à travers son programme controversé Street View.