Les hackers ayant pris fait et cause pour Julian Assange ont accru leurs cyberattaques jeudi contre «les adversaires de WikiLeaks» dont le fondateur est en prison à Londres, alors que le site continuait à diffuser les télégrammes diplomatiques américaine.

Après Visa, Mastercard et d'autres sociétés qui avaient suspendu leurs services de paiements à WikiLeaks, le site du gouvernement suédois a été mis hors service plusieurs heures ont rapporté jeudi les médias suédois.

«C'est une guerre informatique, nous voulons que l'internet reste libre et ouvert à tous, comme il l'a toujours été», a déclaré jeudi matin à la BBC un jeune interlocuteur s'affirmant porte-parole du groupe de pirates informatiques «Anonymous», qui a pris le nom de «Coldblood» pour préserver son anonymat.

Il a affirmé : «de plus en plus de gens nous rejoignent (...) De plus en plus de personnes téléchargent le programme botnet», qui permet de lancer à partir de milliers d'ordinateurs simultanément des attaques informatiques massives contre un site, ce qui le met hors service.

Anonymous a revendiqué en ligne mercredi une vaste attaque coordonnée contre les sites internet d'entreprises ayant privé WikiLeaks de leurs services financiers, notamment pour récolter des dons.

Baptisée «Opération Riposte», cette attaque a rendu inaccessible pendant plusieurs heures le site de l'émetteur de cartes de crédit Visa, tandis que celui de son concurrent Mastercard a été perturbé. Les paiements pour les achats en ligne par carte Visa ont même été rendus impossibles pendant un bref moment, en pleine période des achats de Noël.

Le site de Sarah Palin, figure des ultra-conservateurs américains, a également été visé. Elle avait déclaré que M. Assange avait du «sang sur les mains».

«Anonymous» a promis de s'en prendre à tous ceux qui auraient des «visées anti-WikiLeaks», lors d'une discussion en ligne avec l'AFP.

L'interview de Coldblood à la BBC donne une idée du profil supposé des hackeurs supporters de Julian Assange: il se présente comme un ingénieur informatique de 22 ans, dit n'avoir aucun passé politique, et s'être engagé pour la première fois dans une campagne sur le net contre l'Eglise de Scientologie.

Selon lui, Anonymous «ne suit aucun cadre conventionnel, c'est juste un groupe de gens et quand une idée circule, si ces gens la trouvent bonne, ils la mettent en oeuvre».

Lui-même assure n'avoir jamais été en contact avec WikiLeaks. «C'est très dur de rentrer en contact avec eux, la seule personne que vous pouviez obtenir était Julian, mais il est indisponible pour le moment».

Julian Assange a passé sa deuxième nuit en prison en Grande-Bretagne, sous mandat d'arrêt européen pour des agressions sexuelles remontant au mois d'août dernier en Suède.

«Nous allons le voir aujourd'hui», a indiqué à l'AFP un de ses avocats, Jennifer Robinson. Ses défenseurs veulent notamment évoquer la stratégie pour obtenir au plus tôt la mise en liberté conditionnelle d'Assange.

«Je pense qu'il va bien. Mon collègue Mark Stephens lui a parlé hier (mercredi) et il avait bon moral». «Il pense qu'il pourra faire valoir son innocence».

Une procédure d'extradition peut prendre plusieurs mois avant de devenir effective, en raison des multiples recours possibles.

Les partisans d'Assange craignent avant tout que la Suède ou la Grande-Bretagne ne finissent par le remettre aux États-Unis, où il fait figure d'ennemi public numéro un.

Jeudi, parmi les révélations publiées dans la presse figuraient des télégrammes américains dans lesquels de hauts responsables jugent que la Chine est un concurrent «dénué de sens moral» dans l'expansion de ses intérêts en Afrique.